samedi 28 novembre 2020

Les coqs des roches

Juste un petit coucou pour vous présenter madame "coq des roches" que nous avons surprise dimanche dernier lors d'une petite promenade sur le sentier du même nom. Elle était en compagnie de 3 messieurs qui lui ont fait la cour en vain.


Mais où est-elle ? La voilà ! Vue sa tunique foncée, c'est un moment rare auquel nous avons pu assister.




Quant aux mâles éclatants, ils sont plus faciles à apercevoir mais nous sommes restés près de trente minutes en observation avant de les avoir juste devant nous hors des branchages qui obstruent souvent notre vision.





Encore un beau moment !


Visite des installations extérieures du Centre spatiale guyanais

Après les savanes maintenant place aux installations techniques. Le Centre spatiale ouvre aussi ses portes le samedi pour une sortie de 3 heures environ au sein de ses 700 km2 de territoire. Une fois passés les contrôles de sécurité sous le hall Jupiter, nous embarquons à bord d'un confortable bus et à nous les zones interdites !


Nous partons donc du centre de contrôle Jupiter situé à 15 km d'Ariane et de Vega et à 27 km de Soyouz. Le jour d'un lancement tous les responsables y sont rassemblés et après une chronologie de plusieurs heures arrive enfin le décompte final : 10, 9,........1, Allumage...Décollage ! Hélas pour nous, un lancement Vega est prévu dans 48 h et nous ne pourrons donc pas accéder à ce bunker qui est en pleine effervescence à cause des répétitions.

Avant le spectacle magique d'une fusée s'arrachant de la Terre, il y a évidemment de très nombreuses opérations à réaliser et cette visite va nous permettre de mieux appréhender les différentes étapes. La météo est bien sûr un élément essentiel et le centre dispose de sa propre station. Bien qu'ils ne craignent pas la pluie, les lanceurs sont par contre très sensibles à la foudre et au vent. Au moindre risque, on reporte le vol, on ne plaisante pas avec les millions d'euros de matériels embarqués. Même le transfert des éléments du lanceur est soumis à autorisation météo.

La première étape est l'assemblage des satellites et parallèlement se construit le lanceur lui-même avec ses 3 étages. Pour se faire on utilise une table de lancement qui va pouvoir passer d'un bâtiment à l'autre grâce à une double voie ferrée. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais il faut imaginer un gigantesque mécano vertical avec cette table qui va accueillir progressivement tous les éléments d'un lanceur, les propulseurs à poudre, les différents étages techniques, la coiffe avec ses satellites.

Station météo à gauche et bâtiment d'assemblage à droite

La table de lancement est totalement mobile puisque la préparation du lanceur se déroule sur trois zones distinctes et éloignées les unes des autres. La table renferme toutes les fonctions allant de l'énergie à l'informatique en passant par la climatisation, l'éclairage, les systèmes d'alarme, la vidéo. La table sert a supporter le lanceur et est capable de résister aux flammes du décollage protégeant ainsi l'ensemble des systèmes embarqués.

La table embarque enfin différents moyens de communication, comme les liaisons de télémesure et de télécommunication, les équipements pour l'analyse du lancement. Le client peut à tout moment dialoguer avec son satellite dans la coiffe grâce à une liaison optique qui suit la table lors de ses déplacements.

Table de lancement

La visite se poursuit et nous atteignons la zone de lancement d'Ariane 5. Nous pouvons descendre du bus et ainsi mieux nous rendre compte du caractère hors norme des installations. La tour au centre où s'accrochera la table notamment pour la jonction des fluides fait plus de cinquante mètres de haut quant aux 4 pylônes anti-foudre ils frôlent les 100 m.

Voyez-vous également les 3 structures en béton situées à gauche sur la photo ? Techniquement on les appelle des carneaux et ils vont permettre d'évacuer le plus rapidement possible les gaz de combustion des moteurs du lanceur, le moteur Vulcain et les deux propulseurs (à peu près 11 m de hauteur pour 8 m de largeur en moyenne et 55 m de long).

Zone de lancement d'Ariane 5

Tour d'accrochage de la table de lancement

Le guide nous montre aussi cette très grande tour de 100 m de haut un peu excentrée par rapport aux installations principales, il s'agit d'un château d'eau. Mais pourquoi un château d'eau ? Imaginez un instant la puissance du moteur Vulcain, la moitié de celle de tout notre parc nucléaire, inimaginable en fait et bien cela induit un effet sonore et des propulsions de matières une fois de plus inimaginables avec un impact direct sur toutes les structures. 

Et bien son rôle c'est de noyer les carneaux sous un déluge d'eau. Il est capable de déverser 30 m3 d'eau par seconde au moment du décollage. Le principe du déluge est de déployer une couverture liquide aussi dense que possible pour deux fonctions : 

- protéger la table des effets directs du jet des propulseurs (risque d'endommagement thermo-mécanique, chimique, corrosion…) 
- atténuer le bruit en augmentant de façon artificielle la densité du milieu dans lequel se propage l'onde acoustique.

Château d'eau

Je ne résiste pas à l'idée de vous parler une dernière fois de la table. Sa base mesure 25,5 mètres sur 20,9 mètres pour 5 m de hauteur. Sa masse, à vide, est de 870 tonnes et atteint 1715 t avec le lanceur rempli. L'ensemble est posé sur 4 boggies disposant chacun de 16 roues et pour tracter cette masse sur les 4 km qui la sépare de la zone de lancement, un camion à 16 vitesses est nécessaire pour atteindre les 4 km/h en pleine charge. 8 chauffeurs sont formés actuellement pour exécuter cette manœuvre extrêmement périlleuse.

La table à 4 km de voie ferrée de sa zone de lancement


Avant de quitter la zone, nous pouvons aussi apercevoir les installations destinées au lanceur  Vega. Le portique mobile de Vega permet de procéder aux opérations d’assemblage et d’intégration du lanceur. Une salle du centre de contrôle a été spécialement aménagée pour accueillir l’équipe Vega qui profite ainsi non seulement du Centre de lancement le plus moderne de la base, mais également de l’expérience opérationnelle de l’équipe Ariane 5 qui travaille dans le même bâtiment. Pour appréhender la différence fondamentale entre Ariane 5 et Vega, la première dispose de 750 t de poussée au décollage contre 136 t pour Vega.

Zone de lancement de Vega


Nous reprenons notre bus pour une dizaine de km supplémentaires et atteindre la troisième zone de lancement du centre spatial qui permet l'utilisation des lanceurs Soyouz dont le premier a eu lieu en octobre 2011. Soyouz est utilisé pour placer en orbite les satellites qu'Arianespace doit lancer lorsque la taille ne justifie pas l'utilisation d'une Ariane 5.

Centre de lancement et bâtiment d'assemblage Soyouz

Les installations de lancement et les procédures mises en œuvre sont pratiquement identiques à celles du site mondialement connu de Baïkonour. Ainsi contrairement à la méthode européenne, le lanceur est assemblé à l'horizontale dans un bâtiment d'intégration. Pour le reste on retrouve l'acheminement par voie ferrée jusqu'à la zone de lancement distante de 650 mètres. Son carneau consiste en une fosse profonde pour évacuer les gaz moteurs. Un portique mobile construit en Russie, mis en place début 2009, est utilisé pour assembler le dernier étage et le satellite sur le lanceur une fois celui-ci parvenu sur la zone de lancement et remis à la verticale. Ce dispositif n'existe pas à Baïkonour : le dernier étage et la charge utile sont assemblés avec le lanceur dans le bâtiment d'intégration avant le transport du lanceur Soyouz jusqu'au pas de tir. Cette méthode pour le dernier assemblage a été mise en place pour s'assurer de l'uniformisation des procédures finales même si l'assemblage et le lancement sont effectués par des équipes russes.


Zone de lancement Soyouz

Pour l'Histoire, le lanceur Soyouz cumule le plus grand nombre de lancements au monde. Il a mis en orbite le premier satellite (Spoutnik en 1957) et le premier homme dans l’espace (Youri Gagarine en 1961). Il compte à son actif plus de 1900 lancements. Son taux de réussite est de 98%, fiabilité quasiment parfaite.

La visite est bientôt terminée mais il reste encore un dernier site qui représente le futur, celui d'Ariane 6. On y retrouve toutes les caractéristiques des autres installations et pour la méthode d'assemblage on mise sur l'horizontalité avant une remise à la verticale pour le lancement. Toute la structure à gauche haute de 90 m se déplace sur 150 m. Elle pèse près de 9000 t et est posée sur 16 boggies à 8 roues. Malheureusement des retards dans le programme repoussent successivement la date du premier lancement et nous ne pourrons sûrement pas le voir avant la fin de notre séjour.

Zone de lancement d'Ariane 6


Voilà une visite "technique" pleine d'intérêts et pour les fanas de spatial je vous invite à consulter les 2 sites suivants qui m'ont beaucoup aidé :

- http://www.cnes-csg.fr/

- http://www.capcomespace.net/dossiers/espace_europeen













samedi 21 novembre 2020

Visite des savanes du Centre spatial guyanais

Le Centre spatial guyanais (CSG) occupe près de 700 km2 et comme la zone est totalement sous protection il est devenu au fil du temps un territoire abritant une biodiversité exceptionnelle. Des visites sur un sentier balisé avec un guide sont organisées le samedi matin. Comme le groupe est limité à 20 personnes il ne faut pas louper le créneau d'inscription qui s'ouvre 1 mois avant chaque visite. Nous obtenons un ticket gagnant pour la sortie de 7 h 15 aussi encore un réveil de bonne heure en ce samedi 14 novembre pour parcourir Cayenne Kourou tranquillement.

Le rendez-vous se trouve au musée du CSG juste à côté de la fameuse salle Jupiter, tour de contrôle pour tous les lancements. Après quelques formalités nous embarquons à bord d'un bus pour un trajet d'une vingtaine de minutes et le passage de 2 points de contrôle. Ici on ne plaisante pas avec la sécurité.

Nous arrivons sur le lieu de la visite et notre guide va maintenant nous "raconter" la savane ou plutôt les savanes. Nous empruntons pour commencer une passerelle en bois qui nous permet de cheminer au sec et de légèrement surplomber les paysages. Pour faire simple la savane est une bande de terre parallèle à la mer comprise entre la forêt de terre ferme de l'intérieur et les mangroves de la côte. En Guyane cette savane parfois étroite d'une centaine de mètres et d'autre fois large de 15 km s'étire sur 150 km.

Pour ceux qui ont une bonne vue un singe hurleur sèche au soleil au sommet de l'arbre situé droit devant.

Revenons au sujet du jour. Les savanes forment un paysage de plaines herbeuses traversées de forêts et parsemées d'îlots forestiers, d'arbustes et de buissons. Lors de cette visite, nous aurons donc l'occasion de découvrir la savane sèche aussi appelée "Matiti", la savane herbeuse inondable et la savane inondée dite "Pripri". Cette dernière est inondée toute l'année et peut être confondue avec  un marais. Le palmier bâche y trouve aussi toute sa place. Sa forme est plutôt caractéristique et il est le seul palmier de Guyane à posséder des feuilles digitées. Ses fruits sont très appréciés des oiseaux mais aussi des rongeurs et des hommes qui consomment la pulpe sous forme de glace, gâteaux ou boissons.


Entre savane herbeuse et savane sèche, la différence vient évidemment de la pluie qui stagne sur la première. En pleine saison des pluies cette savane est densément couverte de graminées qui ne dépassent pour autant les 50 cm. Quelques arbustes y trouvent aussi un espace propice à leur développement comme par exemple les "oreilles d'ânes"

Ci-dessous les oreilles d'ânes. C'est un arbrisseau nain aux grandes feuilles spatulées et duveteuses portées par une tige ligneuse, épaisse et tortueuse. Les poils blancs qui rendent les feuilles duveteuses sont également une protection contre l’évaporation et permettent ainsi de limiter les pertes en eau de la plante.

Encore une belle particularité qui nécessite de s'approcher très près du sol pour l'apercevoir. Une magnifique "Drosera". Attention, elle mord ! En effet, plutôt que de chercher désespérément les rares nutriments du sol pauvre qui l'accueille, cette petite plante mange des insectes. Ces derniers se font leurrer par les gouttelettes brillantes qui ornent les poils sur chaque feuille. Il ne s'agit pas d'eau mais d'une matière gluante dite "mucilagineuse". Trop tard, l'insecte est collé, la feuille se referme et les poils secrètent des enzymes digestives qui "vident" littéralement l'animal piégé. Le festin fini, la feuille se déplie et l'exosquelette de l'insecte s'envole au vent de la savane.



Plante à identifier !


La balade se poursuit tranquillement et le guide continue son exposé passionnant. Voici maintenant la "Clusia nemorosa" appelée localement "Zognon danbois". Attention cette plante ne se mange pas mais son latex est utilisé pour ses pouvoirs cicatrisants et son écorce est efficace contre les maux d'estomac.

Autre arbuste du genre Clusia

Et là, que pouvons nous apercevoir ? C'est une petite abeille au nom délicat de Mélipone. C'est une espèce endémique de notre zone équatoriale à la particularité exceptionnelle, elle n'a pas de dard, idéale pour un apiculteur. De plus sans elle pas de pollinisation d'une magnifique orchidée grimpante aux longues feuilles vertes charnues dont le fruit en forme de gousse est bien connu, la vanille. peu produite en Guyane malgré l'effort de quelques exploitants.



La visite se termine ainsi et nous rejoignons le bus qui nous reconduit à l'entrée du CSG. Maintenant direction Kourou pour un déjeuner sur le pouce car nous avons rendez-vous...
... au CSG pour cette fois visiter les installations techniques mais c'est un autre article.


samedi 7 novembre 2020

Il était une fois... (dernière partie) : Il faut bien rentrer

29 octobre 2020. Il faut bien rentrer... Alors ce jour du départ petit tour au marché de Cayenne pour y faire les dernières emplettes. Sinon la veille au soir on leur a réservé une dernière surprise en les emmenant en pirogue manger dans un restaurant. Nous sommes allés à l'auberge du Mahury et pour cela il faut franchir la rivière du même nom. Encore une belle  découverte.

Rassemblement au débarcadère !

Prêtes à traverser !

Un dernier coucher de soleil sur un fleuve amazonien !


Johnny le caïman nous accueille à l'auberge !


On n'est pas bien là ?


Retour de nuit sur le fleuve !



Voilà de très belles vacances qui nous ont permis de faire découvrir à notre petite famille des facettes inédites du territoire guyanais dans un environnement équatorial sans équivalent. A refaire absolument. Avis aux amateurs !


Voir plus bas

!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!


Petit clin d'œil de notre paresseux qui avait disparu depuis trois semaines et qui est revenu 48h après le départ de Sophie, Noham, Addysson et Meylina. Quel boute-en-train !


Il était une fois... (5° partie) : Sentier du bagne des Annamites

28 octobre 2020. Toujours pas de répit, la Guyane c'est l'enfer vert… alors on repart en forêt. Par contre pas de réveil ce matin, ni d'heure de départ impératif. On a le temps et on a déjà prévu le pique-nique du midi. Pour ce dernier sentier ce sera celui du bagne des Annamites pour une petite leçon d'histoire et surtout un ultime bain dans une crique sauvage, la crique Anguille.


Le parcours est sans difficulté et relève plus de la promenade. Il faut parcourir un kilomètre pour atteindre les ruines et un de plus pour rejoindre la crique. Bien sûr on ne maîtrise pas les caprices de la nature et un chablis peut parfois obstruer le chemin alors on fait un peu d'exercice et hop on franchit l'obstacle ! Les enfants adorent et les parents aussi.




On entame la visite du bagne par la zone de la prison non sans passer devant les innombrables latrines en béton qui ont formidablement résisté à l'usure du temps. Il faut dire que l'hygiène était un point important à prendre en compte si l'on voulait tenir la main d'œuvre en bonne santé. En revanche, les conditions de détention étaient très compliquées et à en croire l'aspect des cellules entre pluies et chaleur il ne devait pas faire bon y passer du temps.




Mue de hanneton !

Après ce moment d'histoire, toute la troupe reprend la marche pour l'objectif principal du jour, le bain dans la crique Anguille. Nous y arrivons rapidement mais je souhaite leur montrer un endroit plus sauvage que la zone "officielle" prévue en bout de sentier. Pour ce faire nous devons longer la rivière vers son aval sur environ 300 mètres et le cheminement devient sportif mais l'objectif à atteindre en vaut la peine.



La végétation est toujours aussi spectaculaire, n'est-ce pas Addysson ? Ou alors est-ce la perspective du lieu de baignade qui se profile bientôt ?

Nous y sommes et tout le monde apprécie vraiment ce lieu incroyable en pleine forêt. A cet endroit l'eau de la crique est claire et pas besoin de retenu pour en profiter. Il y a même une balançoire improvisée mise à disposition des enfants. L'organisateur est remarquable ! Ouh ! Ouh ! Ouh !




Après ce super moment unanimement apprécié il faut bien rentrer mais de nouveaux souvenirs viennent s'ajouter à ceux déjà engrangés depuis le début de ce séjour et maintenant c'est un bon pique-nique qui nous attend.


Nous reprenons la Route du Galion pour rejoindre le bourg de Montsinéry et nous trouvons un coin très agréable au bord de la rivière du même nom où nous installons notre table de pique-nique. Désormais le temps s'arrête et on vous dit à bientôt pour le dernier épisode. By ! By !