lundi 27 avril 2020

Le phare breton. Oups ! Le far de Cayenne

204ème jour de confinement. LOL

Je suis pour la simplification orthographique alors aujourd'hui je vais vous parler du far de Cayenne. Ou plutôt je vais confectionner le far de Cayenne car bien sûr je parle de la pâtisserie et non de ce morceau de caillou avec une lumière au sommet qui sert à attirer les bateaux sur les côtes afin de les dépouiller... 



Pour ma recette je vais donc utiliser pour 8 personnes : 
  • 4 œufs 
  • 150 g de pruneaux dénoyautés 
  • 250 g de farine 
  • 150 g de sucre en poudre 
  • 60 g de beurre 
  • 1 litre de lait 
  • du sel 
  • et du rhum de Guyane pour le côté "équatoriale" 

J'ai utilisé du rhum pour imbiber mes pruneaux que j'ai mis à tremper la nuit d'avant.


Préparation 
  1. Je fais fondre le beurre puis dans un saladier je mélange les oeufs au sucre et j'ajoute une pincée de sel
  2. J'ajoute peu à peu la farine puis le beurre fondu 
  3. Je fais tiédir le lait et l'ajoute au mélange 
  4. Je dispose les pruneaux dans un moule graissé et les recouvre de la préparation 
  5. Je fais cuire une quarantaine de minutes à four moyen (th.6) en testant avec un couteau qui doit ressortir sec. 
  6. personnellement je le laisse refroidir puis le passe au réfrigérateur. (pour les plus patients)
Et il ne reste plus qu'à se régaler !










Je l'ai amené au bureau lundi et ma foi ce fut encore une réussite, ou vais-je m'arrêter ? (où alors mes collègues sont très polis...)

Et pour finir un peu d'histoire :

Le far breton serait né au XVIIIe siècle sous une forme bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Il s’agissait au départ d’une bouillie de blé servie pour accompagner la viande. Son nom est tiré du latin « far » signifiant « froment », « blé » ou encore « gruau » ainsi que du breton « farz forn » se traduisant par « far au four ». Cet accompagnement était donc très bon marché mais riche d’un point de vue nutritif. N'oublions pas que la farine de blé est inexistante à ce moment.

Avec le temps, la recette du far breton évolue. Au XIXe siècle, la farine de blé est désormais accessible et en ajoutant le sucre et le lait les ingrédients principaux évoluent. Puis les œufs et le beurre sont ajoutés par les familles les plus fortunées pour finalement devenir le dessert sucré que nous connaissons. À l’époque, bien que peu coûteux, le far breton était uniquement dégusté lors d’événements familiaux et religieux. Les pruneaux, qui n'ont rien à voir avec la Bretagne mais c'est une autre histoire, ne sont arrivés que bien plus tard. En effet, ils étaient très consommés par les marins durant leurs longs voyages pour leurs qualités nutritionnelles riches ainsi que leur facilité de conservation. On les a donc incorporés dans la recette, bien que le far breton traditionnel se déguste sans fruit. 

Et voilà, vive le confinement !


jeudi 16 avril 2020

Encore un nouvel habitant !

Le fromager qui se trouve au bout de notre impasse est décidément un véritable HLM car en rentrant du travail mardi soir, j'ai encore été attiré par une forme anormale et qui n'avait rien à voir avec un paresseux. Le jeu va donc consister à trouver "Charlie".

Tout d'abord une vue très large de la cime de notre fromager. Vous l'avez ?



 D'accord, on s'avance encore un peu, cela se passe à droite de la termitière. Cette fois c'est bon ?


Encore un petit effort et maintenant impossible à louper ! Voyons, en plein centre de la photo.


Nous y voilà, un immense iguane vert de Guyane et je crois que ce spécimen est exceptionnel en terme de taille. Il paraît qu'il peut atteindre 2 m, queue comprise, et bien je crois que celui-là n'est pas loin du record. Revoyez la photo 1 avec la termitière pour vous faire votre propre idée.



Je me demande ce qui m'attend la prochaine fois.

Le kougelhopf guyanais !

Quel rapport entre un kougelhopf et la Guyane ?

Aucun bien sûr ! Mais comme je devais trouver une nouvelle activité pour le long weekend de Pâques alors j'ai monté un atelier "pâtisserie" avec pour objectif de confectionner mon 1° kougelhopf.

Pour ce faire il vous faut :

  1. 500 g de farine
  2. 125 g de beurre
  3. 125 g de sucre
  4. 3 oeufs
  5. 1/4 de lait
  6. 25 g de levure de boulanger
  7. 80 g de raisins secs
  8. une serviette
Faire fondre la levure dans un peu de lait avec une pincée de sel et laisser gonfler environ 3/4 d'heure (A ce niveau vous pouvez déjà enlever 1/4 d'heure sous une latitude équatoriale car ici tout prend des proportions hors normes).

Mélanger les œufs, le sucre, le lait, le beurre fondu et les raisins secs (Bon là encore une astuce, faite mariner une nuit les raisins dans du rhum..de Guyane et hop des senteurs exceptionnelles le lendemain).

Dès que la levure à gonfler, la mélanger avec la farine, puis ajouter le reste des ingrédients. Bien mélanger (Pour bien mélanger, j'ai bien mélangé mais considérez à ce niveau que vous en profitez pour faire votre exercice de la journée car ici c'est ambiance tropicale, d'où la serviette).

Beurrer le moule, y verser le tout et laisser gonfler environ 3/4 d'heure puis mettre au four th.6 pendant 45 mn. (Encore une fois pas 3/4 d'heure en Guyane...voir 1° consigne).

Puis j'ai observé la cuisson à travers la vitre du four et j'ai pris peur car la pâte montait, montait...alors j'ai augmenté la température du four pour accélérer le processus de cuisson et...voyez le résultat, un magnifique gâteau qui a eu un peu chaud et qui a pris une couleur guyanaise (d'où le titre !). Au final, 1° tentative réussie et  bon point accordé par les collègues de bureau qui ont apprécié cette spécialité alsacienne.


A la sortie du four !


Prêt à déguster !

Avant de partir, je vais vous livrer quelques informations sur ce fameux kougelhopf glanées par-ci par-là. Tout d'abord ce qui est certain c'est qu'il n'y a pas unanimité sur l'origine du produit et chacun y va de son histoire. Rien que le mot lui-même peut se voir orthographier de multiples façons : kouglof, kougelhof, gougelhof, gougelhopf, kougelhopf et je suis sûr qu'il y a d'autres formes encore. 

Selon l'orthographe cela renvoie au chapeau des parlementaires strasbourgeois, dans le Palatinat à un "bonnet de turc", ou encore un turban au Pays-Bas. A propos de turban une autre légende affirme que ce dessert alsacien serait originaire de Bethléem. Un roi mage, en sortant de la crèche, y aurait oublié son chapeau, un turban en fil d’or serti de diamants en forme d’amande. À son retour de croisade, ce couvre-chef se serait retrouvé chez un pâtissier strasbourgeois, qui s’en serait servi comme moule. Et tant qu'on y est il parait que Marie-Antoinette, celle qui a perdu la tête, aurait contribué à la venue de cette pâtisserie à la cour de Versailles.

Bon une chose semble sûre, la forme du moule avec une cheminée centrale n'a pas changé depuis le XVIe siècle et ce conduit garantirait une diffusion régulière de la chaleur au cœur de la pâte. Quoiqu'il en soit et au-delà des légendes, il reste que le Cou-gueule-offe (oui je peux aussi avoir ma propre forme orthographique) demeure un excellent dessert que l'on peut aussi apprécier à l'apéritif si vous remplacez les raisins secs par de délicieux lardons.

Bonne dégustation !

mardi 14 avril 2020

Un nouvel habitant dans le quartier !

Dimanche 12 avril, je profite de mon heure de sortie pour arpenter notre impasse et observer les nombreux oiseaux qui s'agitent en permanence dans les hautes herbes du terrain qui se situe juste devant la résidence. Je tente de prendre des photos mais entre leurs mouvements et les herbes qui bougent au gré du vent, difficile de faire la mise au point. Mais je persévère...et finalement je finis par "tirer" le portrait de ces petits chenapans, il s'agit de magnifiques sporophiles, mâle à la robe noire et femelle au plumage brun.








Je poursuis jusqu'au fond de l'impasse où se trouvent une végétation plus dense et de grands arbres. Beaucoup de bruits mais rien de visible. Une grosse termitière au sommet d'un fromager à la cime dégarnie de feuilles attire mon attention. Je l'avais déjà repérée en d'autres temps et l'absence de feuillage en ce moment la met plus en valeur. Une autre masse sombre est visible non loin d'elle, alors je regarde de plus prêt grâce au zoom de l'appareil photo et je découvre alors un nouveau voisin dans le quartier. Je vous laisse deviner à partir de la photo située à droite de ce texte.

Alors vous l'avez repéré ce nouveau voisin ?

Bon je me rapproche de lui et maintenant vous l'avez identifié ? Gagné, c'est bien un paresseux, quasiment en cœur de ville. Jamais j'aurais pu imaginer en voir un ici, dans notre quartier. Apparemment la zone de végétation est suffisamment dense pour qu'il y trouve sa nourriture. Mais une question me trotte dans la tête. Comment est-il venu jusqu'ici sans se faire attraper ? Cela va rester un mystère. Dans tous les cas on va continuer à le suivre en espérant que personne ne viendra le chasser. 




Pour conclure quelques mots sur ce charmant animal pour ceux qui n'auraient pas lu l'article sur le paresseux du Rorota. Tout d'abord il en existe 2 types, l'un à deux doigts, le unau, et l'autre, le nôtre appelé aussi aï, à trois doigts mais attention au niveau des pattes avant car derrière il y en a trois partout.

Ensuite il se déplace très lentement dans les arbres, moins de 10 m à la minute. Finalement sa lenteur est un atout et constitue son meilleur camouflage associé au fait que sa fourrure héberge une algue verte qui lui permet aussi de prendre des teintes différentes. A propos, sa fourrure sert de dortoir aussi à de très nombreux parasites alors mieux vaut ne pas s'y frotter.

Autre caractéristique surprenante, il possède 9 vertèbres cervicales, contre 7 pour nous. Et alors ? Et bien grâce à cette spécificité il peut tourner la tête à 270° et donc voir à 360° sans bouger son corps, pratique non ?

Enfin une autre information intéressante, il nage trois fois plus vite qu'il ne marche et est capable de retenir sa respiration plus de trente minutes. Bon cependant il faut retenir que son habitat naturel c'est les arbres et les branches alors laissons le tranquille et bonne sieste à lui. Entre le moment où je l'ai aperçu puis perdu de vue (je pouvais l'observer depuis l'entrée de l'appartement), il s'est passé plus de 5 heures...






dimanche 12 avril 2020

Le sentier du Loyola

Pâques Avril 2020 et toujours confiné. Alors poursuivons la découverte côté "historique" des sentiers de l'île de Cayenne en partant cette fois sur les vestiges de l'habitation Loyola. Pour m'aider dans mes recherches je me suis servi des travaux publiés par Nathalie Croteau dans le "Journal of Caribbean Archaeology" en 2004.


Ce sentier de 4,5 km en aller-retour se fait en 2 heures environ et relie la route de Rémire à la route des plages. Il est plutôt agréable et bien sûr très ombragé. Le parking est grand et les voitures se retrouvent à l'ombre d'une magnifique forêt de bambous. Une structure en bois au début du parcours nous permet de garder les pieds au sec et d'atteindre facilement le sentier lui-même.

En moins de 10 min on rejoint déjà les vestiges de l'habitation Loyola. Cette colonie va occuper une place centrale dans l'économie guyanaise au XVIIe siècle et sa caractéristique première est qu'elle sera tenue par des Jésuites, ordre religieux catholique fondé en 1540 par Saint Ignace de Loyola. Cet ordre religieux va essaimer aux quatre coins du monde et faire de l'enseignement un véritable cheval de bataille. Puissant et riche, il va faire de l'habitation Loyola, l'une des plus prospères colonies de Guyane. A son apogée, Loyola couvrira plus de mille hectares de terrain travaillés par cinq cents esclaves.



L'habitation Loyola en 1730.
(Gérard Hébert, cartouche de la Carte du Gouvernement de l’isle et terre ferme et colonie de Cayenne, 18 octobre 1730, Service historique de l’Armée de terre, Vincennes)


Quand on arrive sur le lieu principal on a du mal à imaginer que le site a seulement été découvert en 1988. Bien entretenu, il fait donc aujourd'hui l'objet de fouilles archéologiques franco-canadiennes. Installée sur un contrefort de la montagne de Rémire, cette habitation fut réorganisée par les Jésuites pour produire de l'activité sucrière mais aussi du café et de l'indigo pour la teinturerie.



Maison de maître, cuisines, hôpital, chapelle, cimetière, magasins, forge, purgerie, indigoterie, quartier des esclaves, moulin à vent, sucrerie, caffeterie, poterie, nous ne verrons rien de tout cela, mais les fouilles ont permis de reconstituer toute l'histoire de cette habitation et la qualité des matériaux utilisés témoigne de la richesse des Jésuites et de leur volonté de durée. Cependant les déboires de l'ordre religieux (c'est une autre histoire), appelé aussi Compagnie de Jésus, va entraîner sa dissolution et la fermeture de toutes leurs missions à l'étranger avec pour autre conséquence l'abandon progressif de l'habitation. Nous sommes alors en 1763.

Et 6 ans plus tard la nature va reprendre ses droits...

Alors profitons-en et poursuivons notre promenade. Un énorme fromager va se trouver bientôt sur notre chemin, juste impressionnant ! Le sentier monte sensiblement et bientôt nous atteignons le sommet. Petite descente sur un km et bientôt c'est la route des plages. Il n'y a plus qu'à faire demi-tour ou rentrer par la route...


Termitière



Passage près d'un arbre à boulets de canon (Couroupita guianensis pour les amoureux des beaux mots ) et ses magnifiques fleurs (photos ci-dessous) mais attention à ses fruits qui peuvent peser jusqu'à 5 kg alors gare à la chute ! Et si vous échappez à la bosse faite encore attention à son contenu car la pulpe bleue est toxique et dégage une odeur très nauséabonde ! Je n'ai pas testé.




Et pour conclure cette balade encore un fruit mais comestible celui-là, une prune de Mombin dont on peut tirer jus, confiture et sorbet.

jeudi 9 avril 2020

Après le crapaud buffle...

Il y a quelque temps un magnifique crapaud buffle a fait trempette dans la piscine de la résidence et après l'avoir remis dans la pelouse je ne l'ai plus jamais revu. Et bien devinez quel animal est venu à son tour prendre le soleil sur le carrelage bien chaud de notre espace détente ?

Son nom commence par I... et finit par E.

C'est un Iguane ! En fait ils étaient trois mais le temps de remonter chercher mon appareil photo seul le plus courageux m'a attendu. Avec 80 cm, queue comprise, ce beau lézard couleur émeraude était aussi en train de muer d'où l'aspect camouflé de sa peau ce qui l'a rendu d'ailleurs très photogénique. A vous de juger !













dimanche 5 avril 2020

Le sentier Vidal-Mondélice

Continuons notre tour des sentiers de l'île de Cayenne et cette fois rendons nous du côté du lycée Damas et du nouvel éco-quartier en cours de construction pour arpenter les 3,5 km du sentier de l'habitation Vidal-Mondélice.

Avant de le parcourir je souhaitais m'attarder sur le mot habitation qui revient souvent dans l'histoire guyanaise et antillaise. Ce mot, hérité de l'époque coloniale, ne correspond pas uniquement à la description d'une maison mais va bien au-delà. Une habitation comprenait en fait l'ensemble des bâtiments, domestiques et industriels, ainsi que les terres, les cultures, les esclaves, le bétail et tous les ustensiles nécessaires à la vie sur l'exploitation. Voilà qui est écrit !

Maintenant commençons notre promenade qui vaut surtout pour son caractère historique. Le sentier est parfaitement aménagé et une grande allée permet de rejoindre avec facilité les vestiges de l'habitation. De part et d'autre du chemin principal démarrent de nombreuses traces qui témoignent de la mise en place de circuits d'orientation avec l'existence de balises fixes. Les vététistes apprécient aussi beaucoup cet endroit de Cayenne.






Dès le XVIIe siècle, le site fut exploité sous forme d'abattis qui étaient alors confinés sur la partie haute de ce morceau de terre coincé entre le fleuve Mahury et la crique Fouillée. Abattis, encore un terme propre à l'agriculture forestière amazonienne puisqu'il s'agit d'une parcelle cultivée, un champ. Cette parcelle est obtenue après l'abattage des arbres qui sont ensuite brûlés une fois secs. On y plante alors les espèces vivrières comme le manioc, de la patate douce ou du maïs et on exploite le terrain pendant une durée variable de 2 à 3 ans selon les communautés. Pratiqué depuis des millénaires, l'abattis est la base de l'équilibre alimentaire des sociétés amérindiennes.



Achetées à Claude Macaye en 1800 par le négociant Jean Vidal, les terres de cette habitation vont bientôt devenir l'une des plantations les plus prospères de son époque et nous marchons aujourd'hui sur un sentier qui a vu passer des centaines d'esclaves nécessaires au bon fonctionnement d'une sucrerie renommée. Selon les données recueillies dans plusieurs ouvrages on estime que cette habitation disposait de "270 à 280 esclaves, des mulets, des bœufs de trait et des troupeaux de gros et menus bétail et 72 carrés de cannes".



Nous progressons facilement et comme toujours nous profitons des merveilles que cette nature luxuriante nous propose en permanence. Le chemin s'élargit un peu plus et les premiers vestiges apparaissent bientôt. Un panneau d'information va nous permettre de nous orienter mais la végétation a recouvert de nombreuses parties de cette ancienne plantation et seuls les points 3 (moulin à mules) et 4 (moulins à vapeur) sont réellement accessibles.


Concernant le moulin à mules, ce bâtiment fut érigé en 1815. Le plan incliné, en parfait état, servait aux mules pour accéder au sommet du bâtiment et ainsi à pouvoir marcher au niveau du 1° étage sur une plateforme actionnant alors le moulin pour presser la canne. En ayant positionné de la sorte les animaux, il n'y avait aucune gêne pour approvisionner le moulin mais attention la manœuvre restait bien sûr dangereuse pour les esclaves. Grâce aux ouvertures voûtées, on pouvait aisément apporter les cannes et parallèlement évacuer le jus et la bagasse, c'est à dire les cannes écrasées.


Après avoir contourné les vestiges du bâtiment principal, nous apercevons, posées à même le sol d'immenses casques renversés, il s'agit de marmites. Il faut les imaginer posées côte à côte sur des ouvrages maçonnés, avec chacune son fourneau. Le jus de canne ou "vesou" est alors transvasé de l'une à l'autre après un filtrage destiné à le débarrasser de ces impuretés par écumage successif. Après ces étapes on obtient alors un sirop clarifié qui cristallisera ensuite dans des barriques.




Enfin dernière étape de notre parcours historique, la zone où se situaient les moulins à vapeur. En introduisant la première machine à vapeur de Guyane sur son habitation, Félix Vidal  va définitivement placer sa plantation parmi les plus prospères...jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1853 et la crise du sucre. Il tentera alors de développer le café et le rocou, fruit exotique issu du rocouyer dont on extrait une teinture encore utilisée de nos jours pour colorer la mimolette ou l'édam. En 1855 Félix Vidal vend ses terres au père Guyodo qui ouvrira une école d'agriculture et un hospice mais l'ensemble sera ensuite abandonné vers 1880.

On suit quelques traces et on finit par trouver les vestiges des machines à vapeur déjà bien englouties par la végétation qui regagne son terrain. On aperçoit cependant encore bien les rouleaux qui permettaient l'écrasement des cannes. 

Nous allons maintenant rebrousser chemin en empruntant une trace de retour différente qui va nous plonger encore plus au sein de la végétation tout en n'oubliant pas que nous venons de vivre un moment de l'histoire coloniale guyanaise qui risque de disparaître si l'entretien des lieux n'est pas assuré de façon pérenne.