Continuons notre tour des sentiers de l'île de Cayenne et cette fois rendons nous du côté du lycée Damas et du nouvel éco-quartier en cours de construction pour arpenter les 3,5 km du sentier de l'habitation Vidal-Mondélice.
Avant de le parcourir je souhaitais m'attarder sur le mot habitation qui revient souvent dans l'histoire guyanaise et antillaise. Ce mot, hérité de l'époque coloniale, ne correspond pas uniquement à la description d'une maison mais va bien au-delà. Une habitation comprenait en fait l'ensemble des bâtiments, domestiques et industriels, ainsi que les terres, les cultures, les esclaves, le bétail et tous les ustensiles nécessaires à la vie sur l'exploitation. Voilà qui est écrit !
Maintenant commençons notre promenade qui vaut surtout pour son caractère historique. Le sentier est parfaitement aménagé et une grande allée permet de rejoindre avec facilité les vestiges de l'habitation. De part et d'autre du chemin principal démarrent de nombreuses traces qui témoignent de la mise en place de circuits d'orientation avec l'existence de balises fixes. Les vététistes apprécient aussi beaucoup cet endroit de Cayenne.
Avant de le parcourir je souhaitais m'attarder sur le mot habitation qui revient souvent dans l'histoire guyanaise et antillaise. Ce mot, hérité de l'époque coloniale, ne correspond pas uniquement à la description d'une maison mais va bien au-delà. Une habitation comprenait en fait l'ensemble des bâtiments, domestiques et industriels, ainsi que les terres, les cultures, les esclaves, le bétail et tous les ustensiles nécessaires à la vie sur l'exploitation. Voilà qui est écrit !
Maintenant commençons notre promenade qui vaut surtout pour son caractère historique. Le sentier est parfaitement aménagé et une grande allée permet de rejoindre avec facilité les vestiges de l'habitation. De part et d'autre du chemin principal démarrent de nombreuses traces qui témoignent de la mise en place de circuits d'orientation avec l'existence de balises fixes. Les vététistes apprécient aussi beaucoup cet endroit de Cayenne.
Dès le XVIIe siècle, le site fut exploité sous forme d'abattis qui étaient alors confinés sur la partie haute de ce morceau de terre coincé entre le fleuve Mahury et la crique Fouillée. Abattis, encore un terme propre à l'agriculture forestière amazonienne puisqu'il s'agit d'une parcelle cultivée, un champ. Cette parcelle est obtenue après l'abattage des arbres qui sont ensuite brûlés une fois secs. On y plante alors les espèces vivrières comme le manioc, de la patate douce ou du maïs et on exploite le terrain pendant une durée variable de 2 à 3 ans selon les communautés. Pratiqué depuis des millénaires, l'abattis est la base de l'équilibre alimentaire des sociétés amérindiennes.
Achetées à Claude Macaye en 1800 par le négociant Jean Vidal, les terres de cette habitation vont bientôt devenir l'une des plantations les plus prospères de son époque et nous marchons aujourd'hui sur un sentier qui a vu passer des centaines d'esclaves nécessaires au bon fonctionnement d'une sucrerie renommée. Selon les données recueillies dans plusieurs ouvrages on estime que cette habitation disposait de "270 à 280 esclaves, des mulets, des bœufs de trait et des troupeaux de gros et menus bétail et 72 carrés de cannes".
Nous progressons facilement et comme toujours nous profitons des merveilles que cette nature luxuriante nous propose en permanence. Le chemin s'élargit un peu plus et les premiers vestiges apparaissent bientôt. Un panneau d'information va nous permettre de nous orienter mais la végétation a recouvert de nombreuses parties de cette ancienne plantation et seuls les points 3 (moulin à mules) et 4 (moulins à vapeur) sont réellement accessibles.
Concernant le moulin à mules, ce bâtiment fut érigé en 1815. Le plan incliné, en parfait état, servait aux mules pour accéder au sommet du bâtiment et ainsi à pouvoir marcher au niveau du 1° étage sur une plateforme actionnant alors le moulin pour presser la canne. En ayant positionné de la sorte les animaux, il n'y avait aucune gêne pour approvisionner le moulin mais attention la manœuvre restait bien sûr dangereuse pour les esclaves. Grâce aux ouvertures voûtées, on pouvait aisément apporter les cannes et parallèlement évacuer le jus et la bagasse, c'est à dire les cannes écrasées.
Après avoir contourné les vestiges du bâtiment principal, nous apercevons, posées à même le sol d'immenses casques renversés, il s'agit de marmites. Il faut les imaginer posées côte à côte sur des ouvrages maçonnés, avec chacune son fourneau. Le jus de canne ou "vesou" est alors transvasé de l'une à l'autre après un filtrage destiné à le débarrasser de ces impuretés par écumage successif. Après ces étapes on obtient alors un sirop clarifié qui cristallisera ensuite dans des barriques.
Enfin dernière étape de notre parcours historique, la zone où se situaient les moulins à vapeur. En introduisant la première machine à vapeur de Guyane sur son habitation, Félix Vidal va définitivement placer sa plantation parmi les plus prospères...jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1853 et la crise du sucre. Il tentera alors de développer le café et le rocou, fruit exotique issu du rocouyer dont on extrait une teinture encore utilisée de nos jours pour colorer la mimolette ou l'édam. En 1855 Félix Vidal vend ses terres au père Guyodo qui ouvrira une école d'agriculture et un hospice mais l'ensemble sera ensuite abandonné vers 1880.
On suit quelques traces et on finit par trouver les vestiges des machines à vapeur déjà bien englouties par la végétation qui regagne son terrain. On aperçoit cependant encore bien les rouleaux qui permettaient l'écrasement des cannes.
Nous allons maintenant rebrousser chemin en empruntant une trace de retour différente qui va nous plonger encore plus au sein de la végétation tout en n'oubliant pas que nous venons de vivre un moment de l'histoire coloniale guyanaise qui risque de disparaître si l'entretien des lieux n'est pas assuré de façon pérenne.
Encore un site qui mérite de s'y recueillir par son histoire et de s'y attarder pour prendre des clichés sous tous les angles .Vraiment photogénique cette endroit qui doit vibrer énergétiquement...
RépondreSupprimerPour peu que l'on y prenne le temps il s'y dégage effectivement une certaine magie...comme dans toute la Guyane d'ailleurs.
Supprimer