Après ce moment culinaire très agréable à Mana, nous filons au bout du bout de l'Ouest guyanais afin de rejoindre le village d'Awala, l'un des trois qui forme la commune d'Awala-Yalimapo. Nous pénétrons ici au cœur de la plus importante communauté amérindienne de Guyane, les Kali'na.
La route est une grande ligne droite et des propriétés apparaissent régulièrement, installées au milieu de terrains parfaitement entretenus.
Le petit routard nous annonce l'entrée proche d'un petit sentier et bientôt apparaît le panneau du conservatoire du littoral, nous arrivons au sentier d'interprétation Kanawa. Petite interruption culturelle. Que signifie Kanawa ? Et bien il s'agit du nom donné aux longues pirogues de guerre traditionnelles manœuvrées par les Kali'na. Elles pouvaient accueillir 30 rameurs pour 18 m de long et elles étaient fabriquées d'un seul tenant à partir d'un tronc unique creusé directement.
Nous nous engageons sur le sentier et immédiatement apparaît cette belle fleur. Surnommée "Crêt Coq", cette amasonia campestris possède de tous petits fruits en forme de citron vert, joli contraste.
2 urubus nous surveillent du coin de l'oeil !
Vous reconnaissez le fruit orange suivant maintenant, c'est celui du palmier Awara qui se dit Awala en Kali'na, Awala comme le nom du village, ce n'est pas le hasard. L'huile tirée de ce fruit possède des propriétés anti-inflammatoires et bien sûr c'est la base incontournable de la fameuse préparation culinaire créole servie principalement à Pâques, le bouillon d'Awara.
Enfin une nouveauté végétale, un magnifique cactus cierge aux côtés hérissés de fins aiguillons. Il faudrait revenir de nuit car il se pare de grandes fleurs blanches.
Nous faisons demi-tour au bout de 15 min car le sentier se perd et un chien monte la garde devant une cabane qui n'est pas censée être là. Juste avant de rejoindre le véhicule une clairière attire notre attention et on découvre alors ce que l'on appelle couramment ici un abattis. Pour ceux qui ne suivent pas ce blog un abattis est une zone déforestée et brûlée par la population locale afin d'y faire des cultures, essentiellement du manioc. Après trois ans environ, les sols lessivés par les fortes pluies deviennent moins productifs et une autre parcelle est alors déboisée.
Plant de manioc !
Nous poursuivons jusqu'à l'entrée du village qui s'étale tout en longueur le long de la route. Contrairement au bourg de l'intérieur, ici les maisons sont posées sur du sable et le terrain qui les entoure est bien dégagé.
Une place attire notre attention en bord de route car de drôles de statues se font face et je reconnais des sculptures déjà aperçus dans des boutiques cayennaises. On s'approche et il s'agit de bancs zoomorphes hors norme. Zoomorphe pour "en forme d'animaux". On touche du doigt l'art amérindien du travail sur bois pour mettre en valeur le bestiaire amazonien ou les esprits de la forêt.
Ces bancs "géants" sont l'œuvre d'un artiste et ne sont pas réalisés en bois comme les originaux qui sont taillés dans la masse d'une section d'arbre. On trouve sur cette place un banc-caïman, un banc-tatou, un banc-jaguar et un banc-aigle harpie qui lui, est dévolu au chamane, car on attribue à cet oiseau des pouvoirs identiques aux siens.
Une fois traversé ce village-rue, on peut encore accéder à un petit sentier découverte de la flore locale. C'est parti pour une boucle de 1 km que nous effectuons immédiatement car la maison de la nature où nous garons la voiture est fermée pour cause de réaménagement intérieur. Pas de chance !
Lors de notre première balade sur le sentier des sables blancs nous étions déjà tombés sur la plante grasse en photo ci-dessous. Elle est vraiment endémique de cette zone littoral aux sols pauvres et il s'agit de l'ananas sauvage. Cette plante est aujourd'hui utilisée de manière ornementale et elle a très peu d'usages médicinaux en Guyane. Son fruit, plus petit que notre ananas commun, à la même saveur que ce dernier mais attention quand même car il contient une substance susceptible d'attaquer les muqueuses de la bouche, vous savez cette désagréable sensation que l'on peut avoir en cas d'allergie alimentaire.
Attention aussi à la feuille suivante dont la tige peut contenir une sève toxique comme la plupart des Philodendrons. Un peu d'étymologie : Philein pour "ami" ou "aimer" et dendron pour "bois", "arbre" donc qui aime les arbres. Et oui ce genre de plante est souvent épiphyte, c'est à dire qu'elle se sert de l'arbre comme support mais ne le dérange pas. Pour les fans de médecine douce, sachez qu'au Brésil on utilise le jus extrait des feuilles pour traiter l'eczéma tandis que les équatoriens se servent d'une décoction de feuilles pour soigner les furoncles. On a encore à apprendre des peuples autochtones.
Béatrice pose devant des feuilles de vanille Pompona, espèce endémique de la Guyane qui a servi à obtenir la vanille Bourbon de la Réunion. Et dire qu'il n'y a que 2 familles en Guyane qui tentent de produire cette épice à la valeur inestimable ! Il y a un créneau à prendre.
Quant à moi je vais conclure cet article en posant devant une grosse plante grasse dont j'ignore le nom. Avis aux amateurs !
Franchement vous pourrez facilement vous reconvertir dans le botanisme à votre retour en France! Ou dans l'ornithologie...
RépondreSupprimerTout à fait mais pour un public averti à la forêt équatoriale...ou thaïlandaise, une vraie niche.
Supprimer