Saint Laurent du Maroni, la capitale de l'Ouest.
Pendant les 2 jours que nous allons passer à St Laurent, nous profiterons successivement du centre ville, de son fleuve et de son bagne.
Nous passons pas l'office du tourisme pour récupérer quelques informations et commençons notre tour de la vieille ville très bien conservée. Fondée en 1858 par l'amiral Auguste-Laurent Baudin, gouverneur de la Guyane, la capitale de l'Ouest est l'unique exemple d'une commune pénitentiaire en France. Nous traiterons ce sujet plus tard et pour l'instant cheminons dans le quartier officiel en forme de triangle et seule partie délibérément tournée vers le fleuve.
Evidemment on ne peut pas éviter la grande statue "la peine du bagnard" sculptée par Bertrand Piechaud juste au bord du fleuve.
Tout ce quartier recèle de petits trésors architecturaux et la brique est omniprésente. Petites clôtures ajourées, jardins fleuris, nous sommes dans une cité très agréable avec de nombreux espaces verts. Elles regroupe dans les faits l'ensemble des logements et services liés au fonctionnement du bagne et son architecture lui vaudra le surnom de "petit Paris" par Albert Londres.
Située dans le parc des travaux, la maison ci-dessous fut construite en 1912 pour servir de bureaux et logement au chef du service des travaux bien sûr. Elle répond aux préconisations du ministère des Colonies pour la construction propre aux européens vivant en milieu tropical. Implanté au centre du jardin, le bâtiment est entouré d'une galerie qui a le double avantage de permettre une bonne ventilation et de protéger du soleil et de la pluie.
Antenne moderne mais déguisée en palmier !
Dès la création de la ville on pense au drainage et les caniveaux sont en dur, profonds et parfaitement entretenus.
Autre bâtiment emblématique, la banque de Guyane. Elle servait surtout au personnel de l'Administration pénitentiaire et aux civils. Elle servit aussi mais rarement aux condamnés à partir de 1925 car à ce moment les bagnards reçurent un pécule, petite somme d'argent dont ils ne disposaient qu'une fois leur peine accomplie. Cependant cette somme trop maigre ne permettait même pas de payer le billet du voyage retour.
Le Trésor public a conservé ses fonctions initiales, coriaces ! Le receveur du Trésor vivait à l'étage et ce bâtiment est original par son toit à 2 niveaux et une façade soignée avec de belles colonnes de bois sculptées.
Magnifiques bâtiments restaurés dont l'hôtel de ville ci-dessous.
Voici encore un bâtiment original, la maison des magistrats. Appelée la case en pierre, c'est la seule construction réalisée en pierre de taille et elle était utilisée comme logement de passage, notamment pour les invités du directeur du bagne. Le capitaine Apatou occupa cette case à partir d'août 1908 et y mourut le 1° décembre de la même année. Il est enterré au cimetière de St Laurent.
Place de la république et le buste de Marianne !
Le 21 février 1858, lors de
la bénédiction de la ville
par le Gouverneur Auguste
Laurent Baudin, l’église encore
inachevée fut bénite et placée
sous la protection de Saint-Laurent. Diacre de l’Église de
Rome, Saint-Laurent a pour
fonction d’être le gardien des
biens de l’église. Condamné
à mort en 258 par l’empereur
Valérien, interdisant le culte
chrétien, sommé de livrer
les trésors de l’église, Saint-Laurent rassemble les pauvres,
les infirmes, les boiteux, les
aveugles : « voilà les trésors
de l’église ». Il est alors
condamné à être brulé vif.
La première chapelle de Saint-Laurent du Maroni est édifiée en bois le 16 Mars 1858 et elle fait face au fleuve. Elle a été démontée en
1869 et remontée dans le parc
des travaux pour servir d’atelier.
Un second édifice de culte est
construit entre 1868 et 1872
à l’emplacement de l’actuelle
mairie, parallèle au village.
Également en bois, cet édifice est
vite dévoré par les termites.
L’église actuelle
est dressée en 1889 à la limite
du quartier officiel face au
village. C’est un bâtiment
en fer et brique construit pour accueillir
l’ensemble de la population
de la ville : population civile
et population pénale.
Le palais de justice !
La partie "moderne" !
Mais avant la brique il y a eu le bois !
Finissons la boucle en revenant vers l'office du tourisme. Nous pénétrons maintenant dans ce qui fut le quartier des logements des surveillants. Isolées derrière une petite clôture en brique ces maisons sont construites sur le même modèle en s'élevant au-dessus d'un soubassement qui les isole du sol et donc des animaux nuisibles et leur permet de profiter des alizés. Et bien sûr elles ont toutes la chambre réservée pour le bagnard "maître d'hôtel".
La brique rouge est le symbole architectural incontesté de la ville de St Laurent. Elles étaient issues d'usines appartenant à l'administration pénitentiaire qui les confectionne et les marque de son sceau : A.P. Attention c'est un patrimoine classé et leur trafic est totalement interdit.
Monument moderne ?
Cette visite fut très instructive et nous repartirons avec une belle impression de cet ancien quartier parfaitement réhabilité et bien entretenu. Belle image de St Laurent. Mais tout cela nous a ouvert l'appétit et pour finir cette journée en beauté j'ai réservé au restaurant "la goélette". Et comme son nom l'indique il est installé sur une ancienne goélette amarrée sur les rives du Maroni.
Une fois à bord on a du mal à imaginer l'histoire de ce navire. La remise en état est parfaite après plus de trente ans de cale sèche. Construit en 1948 en Ecosse c'est d'abord un bateau de pêche puis une véritable bibliothèque flottante qui va parcourir la côte africaine pour apporter le savoir. Devenue goélette, le navire va vite se dégrader au fil des rencontres avec des Etats plus ou moins conciliants. Il sera en cale à Port-Gentil au Gabon en 1980. Réparée, la goélette prend le large et rejoint le Brésil puis arrive en Guyane en 1983. Une forte tempête aux Îles du Salut finit d'achever la bête qui doit être remorquée le long du Maroni pour s'échouer à St Laurent. Au fil des années 90 elle se métamorphose en restaurant et aujourd'hui c'est un lieu incontournable de St Laurent.
On ne peut pas dîner plus près du fleuve !
Une carte à tomber !
Ce dîner restera un merveilleux souvenir avec un superbe coucher de soleil sur le Suriname tout proche avec les lumières de la ville d'Albina en arrière-plan.
Ah... tous ces articles me font rêver... qu'est-ce que ça manque de voyager!
RépondreSupprimerRavi que ces articles font rêver surtout en cette période de confinement
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