Avant le retour d'un confinement partiel nous profitons d'une journée de disponible pour partir à 1 heure de Cayenne et nous promener au sein de la réserve Trésor située entre Roura et les marais de Kaw. Nous avons déjà fait cette petite randonnée et elle nous avait apporté son lot de belles surprises.
Nous pénétrons rapidement en pleine forêt et l'ombre des grands arbres nous protège immédiatement de la morsure du soleil. Le sentier n'est pas large mais suffisamment marqué et cela nous immerge un peu plus dans cette nature luxuriante. L'inconvénient est qu'il faut ouvrir grand les yeux pour ne pas glisser sur une racine tout en faisant attention aux branches qui pourraient se trouver à mi-hauteur et de temps en temps lever la tête car la canopée bruisse de sons non identifiés. Heureusement nous sommes quatre et nous pouvons nous répartir les zones d'observations pour essayer de ne pas passer à côté d'une belle découverte.
Au milieu de tout ce vert, les éléments colorés sont évidement facilement repérables et cela concerne surtout les plantes. Celle présentée ci-dessus et à droite est plutôt commune, il s'agit de la Canne Congo ou Costus Scaber. Plante de sous-bois, elle est facilement reconnaissable notamment par le port caractéristique des tiges en colimaçon. Grâce à cette structure, les feuilles sont parfaitement horizontales et toutes disposées vers l'extérieur évitant ainsi de se faire mutuellement de l'ombre et optimiser la récupération du faible rayonnement solaire. Encore une belle adaptation ! J'essaierai de faire une photo plus démonstrative.
Nous continuons notre lente progression et restons attentifs au moindre mouvement qui pourrait apparaître dans notre vision périphérique. Si l'animal ne bouge pas alors on passe tout à côté sans le voir. Et justement un objet non identifié vient de bondir à moins de 2 mètres sur le sentier avant de s'immobiliser. Trop tard pour lui ! Il est repéré. Nous avançons prudemment pour ne pas le faire fuir...
...un magnifique dendrobate à tapirer (voir l'article Les sentiers Trésor et Coq de roches). Encore plus beau que la première fois car nous n'avions pu déceler la couleur bleue. Je vous laisse apprécier.
Cette sortie commence bien et maintenant faisons un petit tour dans la canopée. Bien sûr vue du sol car aujourd'hui pas de pont de lianes ni de rappel. Des cris d'oiseaux retentissent de tous côtés aussi différents les uns des autres et à part des vols très furtifs rien de photogénique. Pourtant un raffut particulier nous pousse à nous arrêter plus longuement, il y a comme une sorte de combat de volatiles au-dessus de notre tête mais nous ne pouvons qu'imaginer car la densité des feuilles est trop importante. Comme au sol, il faut surveiller les mouvements périphériques et faire preuve de patience. Et la patience paie. Près de 5 minutes à observer et soudain, le calme revenu, elle fait son apparition, bien posée sur une branche à plus de 20 mètres de haut, elle, la Pénélope Marail, espèce endémique de l'Amérique du sud. Certains la traitent de pintade et elle fait le régal des chasseurs, dans tous les cas elle vit essentiellement de fruits dans les arbres et descend rarement au sol. Je viens de "capturer" mon 58° oiseaux en Guyane.
Je vais rester encore 5 minutes à l'observer mais elle sera plus patiente que moi et ne changera pas de pose.
La promenade se poursuit et on se demande bien si la chance va continuer à nous sourire. Toujours autant de bruit mais rien de bien visible et une fois encore c'est le monde du tout petit qui va nous donner une belle observation.
Grâce à Laurent, surnommé Œil de Lynx, à l’affût de la moindre forme ou ombre anormales, nous tombons sur un bébé mygale, un mygalon, aperçu en contre-jour sur une large feuille de palmier. Inutile de dire que pour le prendre en photo c'est quasiment en mode macroscopique. Et hop ! Dans la boîte.
Encore 30 minutes de randonnée sans nouvelle surprise, juste profiter du moment présent et admirer ce que la nature veut bien nous laisser voir si l'on se donne la peine de prendre le temps.
Nous rejoignons le parking juste avant l'arrivée de la pluie et reprenons tranquillement la route pour Cayenne. Un véhicule revient sur moi plutôt vite aussi je cherche un bas-côté praticable pour le laisser me doubler et cette manœuvre anodine qui va me faire perdre une trentaine de secondes va avoir une conséquence incroyable !
Nous roulons prudemment depuis une quinzaine de minutes sur une portion de bitume un peu abîmé lorsque Laurent aperçoit dans l'herbe sur notre droite un paresseux à plat ventre qui cherche à traverser. Le temps de m'arrêter, faire marche arrière et me garer le paresseux a atteint le goudron. Tout le monde descend et nous assistons en direct au sprint de l'aï, car il possède trois griffes à chaque patte, qui franchit au plus vite cet obstacle, la route, véritable danger mortel. Contrairement aux apparences et à mes idées reçues, il se déplace plutôt rapidement au sol et à part une pause aux pieds des arbres pour nous observer à son tour, évaluation de la menace peut-être, il a effectué sa manœuvre d'un trait.
Et dès qu'il a touché le premier tronc, il a fait preuve d'une extrême agilité digne d'un varappeur de haut niveau. Quel spectacle ! J'ai bien fait de laisser passer le véhicule...
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