samedi 31 août 2019

Les chûtes Voltaire - épisode 1

A peine 1 mois après mon arrivée en Guyane que je me vois proposer une première virée en forêt. Je suis évidemment partant et j'attends avec une certaine impatience le programme de cette "balade". En fait de balade, il s'agit d'une escapade de trois jours dans la région de St Laurent du Maroni qui nous permet de rejoindre les chûtes Voltaire et de poursuivre jusqu'à l'inselberg qui porte le même nom.

A ce moment-là je suis loin d'imaginer ce qui m'attend, notamment en matière d'organisation. 2 nuits en hamac en carbet, une première, apercevoir la canopée du sommet de l'inselberg, une première, autonomie pendant trois jours en forêt équatoriale, une première, le tout avec un équipement que je vais devoir glaner à gauche et à droite car la caisse maritime n'étant toujours pas arrivée je n'ai pas du tout d'affaires adaptées. Heureusement l'entraide n'est pas un vain mot et j'aurai rapidement tout le matériel nécessaire.

Mais tout d'abord quelques définitions :
- Hamac : toile ou filet suspendu entre deux points d'ancrage destiné à dormir ou à se reposer. Personnellement je vais surtout m'y reposer mais avec de l'habitude je vais sûrement finir par y dormir.
- Carbet : un abri de bois sans mur, typique des cultures amérindiennes. Il est en général conçu pour facilement y attacher des hamacs. Cela tombe bien je vais y accrocher le mien.
- Canopée : étage  supérieur de la forêt directement influencé par le rayonnement solaire. Riche de biodiversité, c'est un véritable écosystème à lui seul et difficile d'accès. Je vais avoir l'occasion de le vérifier.
- Inselberg  : mot d'origine allemande signifiant Montagne-Île. Petit massif isolé qui domine une plaine ou en l’occurrence ici un massif forestier et donc la canopée. Bien vu !

Mercredi 14 août - 14 h 00
Rivière de Cayenne
Les sacs sont prêts et maintenant embarquement avec Laurent et Luc pour un trajet de 250 km en voiture afin de rejoindre Saint Laurent du Maroni où nous rejoindrons le reste de l'équipe. Il s'agit aussi de pouvoir y passer la nuit car le départ réel du périple est prévu à 6 h 30 du matin. Nous empruntons la RN1 sur toute sa longueur et dès la sortie de Cayenne l'ambiance équatoriale est déjà au rendez-vous avec paysages de forêts et quelques savanes. L'habitat aussi devient sommaire et en dehors des 3 villes que nous allons traverser (Macouria, Sinnamary, Iracoubo), il est souvent réduit à quelques planches et un toit de tôle.



 



Eglise Saint Joseph
Nous passons la rivière de Cayenne qui sert de limite ouest à la ville puis nous allons contourner Kourou et atteindre enfin Iracoubo pour une pause après 2 heures de conduite. Cet arrêt est l'occasion d'une première visite touristique, celle de l'église Saint Joseph. Les travaux débutèrent en 1886 et elle est remarquable pour l'ensemble des peintures murales qui couvrent la totalité des 400m2. Ces peintures seraient attribuées à un bagnard qui aurait fait "durer le plaisir", on peut aisément le comprendre, vue la minutie du travail.
 
 
Nous reprenons la route et arrivons vers 17 h 30 à St Laurent du Maroni. Comme nous sommes en avance nous en profitons pour faire un petit tour dans la partie ancienne après avoir aperçu le Maroni, fleuve frontière avec le Suriname voisin.


Avez-vous remarqué le bateau dans les arbres ou sous les arbres peut-être ? C'est un cargo anglais échoué ici en 1924, le Edith Cavell, vapeur qui transportait des marchandises entre Marseille et les Antilles en passant par la Guyane. On en reparlera.
 


Même une antenne de police peut servir de support à la végétation

En quittant les berges du fleuve nous passons près d'un porche et une inscription attire mon attention : camp de la transportation. Il s'agit de l'ancien bagne de St Laurent créé en août 1792 pour "la déportation politique des ecclésiastiques non sermentés puis aux ecclésiastiques dénoncés pour cause d'incivisme et en 1795 pour les ennemis de la révolution française". Il y aurait beaucoup à raconter sur le sujet aussi je le réserve pour plus tard.








Nous rejoignons maintenant le reste du groupe, prenons un dernier bon repas dans un restaurant local puis il faut songer à se coucher car demain réveil à 5 h 30. La suite au prochain épisode.


 

dimanche 11 août 2019

Trail en Guyane !

Juste une petite image pour montrer que Cayenne n'est pas une région plate et qu'il est possible de faire quelques montées.

Ce matin 15 km en forêt en mode marche-course, près de 2 h 20 d'efforts pour 500 m de dénivelée. 

Dur ! Dur !





9° journée des peuples autochtones à Cayenne

Le 9 août a été déclaré "Journée Internationale des Peuples Autochtones" par l'ONU. 

Héritiés d'une grande diversité linguistique et culturelle, les peuples autochtones comptent, selon l'ONU, environ 370 millions de personnes vivant dans 90 pays. Mais qu'est-ce qu'un peuple autochtone ? Vaste sujet que je ne peux évidemment traiter en quelques lignes aussi je commencerai par quelques généralités. Tout d'abord une définition très réductrice : Peuple présent sur un territoire avant que le colonisateur n'arrive et détenant des institutions, des cultures et des langues propres devant être transmises à la prochaine génération.

Peuples des forêts, du désert, de l'eau et des montagnes, ils occupent tous les écosystèmes et ont pour points communs marginalisation et discrimination d'après les travaux de l'ONU. Bien évidemment d'autres caractéristiques permettent de distinguer des personnes. Tout d'abord ils entretiennent des liens très puissants avec leurs terres ancestrales et leur environnement. Ensuite ils ont la volonté très forte de préserver leur mode d'organisation et leurs valeurs culturelles, sociales et économiques.

Afin de sensibiliser le public à la demande de reconnaissance de leur identité a donc été instituée la Journée internationale des peuples autochtones célébrée désormais le 9 août.

La Guyane a participé à cette célébration en organisant sa 9° édition. La place des palmistes à Cayenne a donc été le lieu pendant tout le week end de nombreuses activités destinées à mettre en valeur la culture amérindienne notamment par la découverte culinaire, des ateliers d'artisanat ou des expositions.



Cette édition a également été l'occasion de faire participer d'autres communautés présentes en Guyane ou invitées comme les péruviens avec comme point d'orgue un défilé en magnifiques costumes traditionnelles permettant de découvrir les créoles, les bushinengués et les hmongs, autant de communautés dont nous aurons l'occasion de parler plus tard.



















mercredi 7 août 2019

De la Terre à l'Espace !

Quand on évoque la Guyane, on pense obligatoirement au bagne, à l'enfer vert et au centre spatial implanté à Kourou. Hier 6 août 2019, j'ai pu assister en direct à mon premier lancement de satellites avec le lanceur lourd Ariane 5.

Il ne fallait pas louper le rendez-vous de 16 h 30, Place des amandiers à Cayenne, où étaient installés comme à chaque lancement un écran géant, des tentes légères et quelques chaises. Lieu privilégié à environ 40 km à vol d'oiseau du site du lancement, nous disposons d'un vue directe sans obstacle par dessus la mer. Bien sûr on ne distingue pas la fusée sur son pas de tir mais il faut être vigilant car lorsque le décompte commence il faudra très peu de temps à la fusée pour prendre immédiatement de l'altitude et gare au photographe distrait. Heureusement j'ai avec moi Laurent, à qui nous devons les superbes photos publiées aujourd'hui sur ce blog.

Ceux qui n'y étaient pas diront que l'on voit mieux à la télévision et ils auront raison. Cependant c'est comme assister à un match ou à un concert, sur place il y a une atmosphère particulière et indescriptible en vérité.

16 h 30 précise, pas de contretemps aujourd'hui, le top départ est donné et à peine avons nous entendu le zéro diffusé par les hauts-parleurs installés sur la place que déjà un nuage impressionnant apparaît, puis la fine silhouette du lanceur ou plutôt la trace formée par les 2 moteurs Vulcain. Le ciel sur la Guyane est pur et le spectacle est totalement au rendez-vous.




Une légère couche de nuage permet à la fusée de se cacher quelques instants mais c'est pour mieux la retrouver. Désormais, elle passe quasiment à notre verticale et Laurent adopte une position de moins en moins confortable pour ne pas perdre l'engin des yeux.


La voilà de nouveau dans un ciel d'azur et près de 2 minutes se sont écoulées depuis le top départ. Selon le déroulement indiqué par le Centre spatial à H0 + 2mn 21s nous devrions assister à la séparation des étages d'accélération à poudre.


Rien n'est laissé au hasard et nous attendons tous ce moment qui se déroule à cet instant même sous nos yeux à plus de 60 km d'altitude. 


Malgré la limpidité du ciel, nous devons nous résigner et accepter de perdre de vue l'engin spatial qui désormais poursuit seul sa trajectoire et si tout se passe bien il aura déposé ses 2 satellites de communication en orbite dans 33 min après être passé, comme un clin d’œil à notre histoire, au dessus de la station de surveillance européenne située à Libreville.

Il est temps de regagner nos pénates non sans lancer un dernier regard vers le point de départ et observer la trace laissée par la fusée tel un cordon ombilical qui l'aurait relié un court instant de la Terre à l'Espace.



samedi 3 août 2019

Le sentier du mont Bourda

En ce samedi matin 3 août 2019, je vais découvrir un peu plus le quartier et le guide de Guyane de Philippe Boré qui sera ma référence pour notre séjour me permet d'envisager un circuit au départ de la résidence.
Comme indiqué dans le dit guide, je me rends route de Montabo et la remonte vers l'Est jusqu'à l'apparition d'un très grand et unique fromager situé au pied d'une station service (plutôt l'inverse en fait).

Je quitte l'axe principale en prenant la rue Martin Luther King puis je rejoins le départ du sentier environ 500 m plus loin. En descendant cette rue, j'aperçois déjà mon futur terrain de jeu, le Mont Bourda.







Je me retrouve donc bientôt sur un îlot de forêt aux portes de Cayenne. Quelques virages plus loin, je passe un petit pont de bois et je suis alors coincé entre mer et forêt. Dans mon dos, la plage de Zéphir et de Montabo et au loin les 3 îlets Dupont, minuscule archipel côtier situé à moins de 500 m de la pointe Montjoyeux et accessible en kayak de mer. 


Le sentier est plein de végétation et je me demande un moment si je suis sur la bonne trace.


Encore un petit effort et bientôt des marches apparaissent. Le terrain est accidenté je retrouve avec bonheur les sensations découvertes lors des randonnées effectuées dans la zone Raponda Walker au nord de Libreville. Latérite, racines et lianes emmêlées, odeurs puissantes et bruits multiples. Retour en zone équatoriale garantie.

Le chemin continue de monter et bientôt j'aperçois de nouveau la mer dans une trouée, il faut que j'en profite car la prochaine fois que je revois l'océan, c'est à la fin du circuit. Mais je ne le sais pas encore...

Je progresse toujours et la végétation se fait plus dense. Par endroit on trouve des panneaux permettant d'identifier les arbres mais le climat local fait son oeuvre et un entretien ne serait par superflu. C'est ainsi que je découvre pour la première fois le fameux Bois-Canon. J'en parlerai un peu plus une prochaine fois.



Des pancartes m'assurent d'être sur le bon itinéraire mais pas de risque de se tromper il n'y a qu'une trace. Seul un croisement partage ce circuit en deux et je testerai le retour par le calvaire une prochaine fois, pour l'instant je compte traverser complètement ce petit massif et rejoindre la plage de Bourda.


J'arrive au "sommet" qui culmine à ...106 mètres. Oui mais ici il fait chaud et humide et on ressent l'effort.
La descente est facile même s'il faut faire attention aux nombreuse racines qui traversent le sentier puis c'est l'arrivée sur une petite route que l'on traverse pour rejoindre le bord de mer et apercevoir la plage de Bourda, fin de ce périple.









Je vais ensuite longer la plage pour trouver une sortie me permettant de rejoindre la route de Montabo et la longer jusqu'à la résidence. Ce petit tour d'à peine 6 km m'aura pris une heure et demie.




La résidence et le quartier

La caisse maritime n'étant toujours pas arrivée, l'appartement est bien vide et sa visite n'a pour l'instant que peu d'intérêt. Aussi je vous propose de découvrir l'extérieur de la résidence Océane ainsi que le quartier Zéphir où nous nous situons.

Tout d'abord bienvenu au n° 14 de la résidence Océane située 2590 route de Montabo. Ce qu'il y a d'intéressant en matière d'adresse, c'est que nous pouvons éventuellement en avoir plusieurs. En effet lorsque j'ai fait les formalités pour l'ouverture du compteur d'eau, j'ai découvert que j'habitais au 2600 rue de Saint Cyr mais que Route de Montabo apparaissait aussi.

En creusant un peu, j'ai trouvé le 2590 en début de rue et c'est le numéro de la première maison située à l'intersection Montabo/St Cyr. En fait, les constructions vont plus vite que le plan d'urbanisme et le 2590 correspond donc à toute notre nouvelle rue et le postier s'y retrouve en cherchant ensuite la résidence puis les boîtes à lettres.
Depuis mon arrivée, j'ai reçu tous les courriers attendus donc pas de panique, je garde l'adresse initiale et on ne change surtout rien.

Sinon la résidence est sympa avec ses 20 logements organisés sur 2 étages ce qui nous permet de bénéficier d'un duplex mais vous le verrez plus tard.
Sur l'arrière se trouvent une grande pelouse et surtout une belle piscine ce qui est très appréciable en fin de journée. Bain quotidien recommandé !







Un portail ferme la résidence et nous sommes ensuite à environ 250 mètres de la route principale.



Ensuite le quartier est régulièrement rénové car de nombreux bâtiments modernes apparaissent çà et là au milieu de logements plus anciens. Ce qui surprend c'est la juxtaposition du béton et de parcelles à la végétation luxuriante. Pour preuve notre résidence relativement moderne et la présence d'iguanes dans des arbres juste en face. J'espère les "capturer" avec mon appareil photo très prochainement.



Et pour ceux qui nous ont suivi au Gabon, vous avez sûrement reconnu le fruit de l'arbre présenté ci-dessous, l'arbre à pain, introduit aux Antilles depuis Tahiti d'où il fut ramené par William Bligh (1754-1817), une première tentative échoua en raison de la mutinerie du Bounty en 1789, la seconde permit son introduction à Saint-Vincent en 1793. Merci Futura Planète.
Cet arbre précieux est classé dans le genre des jaquiers et les curieux qui ont regardé les feuilles auront deviné qu'il appartient à la famille des figuiers. Fin de la leçon pour aujourd'hui.