Notre promenade sur le sentier botanique de Saint Elie nous a ouvert l'appétit et maintenant que le barrage routier sur la RN1 est levé nous pouvons rejoindre Iracoubo. Des textes anciens du XVII° siècle indiquent des origines amérindiennes pour ce bourg, Yrakou signifiant "fleuve" et le suffixe bo indiquant "lieu" en langue kali'na.
Avant le repas un petit tour à l'église pour profiter des belles peintures murales et aussi de la fraicheur car il est bientôt midi et le soleil "tape". Grâce à Philippe Boré et son guide de Guyane, je peux vous dire que l'actuel bourg d'Iracoubo s'est développé sur l'Habitation d'un colon du nom de Jacquet, planteur de coton. Vers 1886 commencent les travaux de l'église Saint Joseph sous l'impulsion du père Raffray qui marqua profondément les mémoires comme pionner, bâtisseur, agronome et éducateur ; la commune comptait environ 500 habitants et n'était accessible que par la mer.
Les peintures murales s'étendent sur 400 m2 et sont d'un style picturale d'inspiration naïve que l'on date vers 1893. Le nom du peintre n'a été dévoilé qu'en 1977 par l'architecte des Bâtiments de France, il s'agirait du bagnard Pierre Huguet mais ce ne sont que de fortes présomptions et finalement nous ne saurons peut-être jamais la vérité.
Après la nourriture spirituelle passons à la terrestre et c'est ainsi que nous nous retrouvons chez "Ma Suzy" pour gouter un plat surinamais, le Bami et le Nassi. En fait il s'agit d'une spécialité indonésienne apportée par les javanais lors de la colonisation du Suriname, depuis elle a franchi le fleuve Maroni pour être désormais servie par toutes les camionnettes qui sillonnent la Guyane.
Retour à l'église car nous avions repéré un coin ventilé et démarrage de la dégustation. En fait le Bami est composé de spaghettis tandis que le Nassi est à base de riz. Ces 2 mets servent de support à du poulet fricassé ou du poisson par exemple. Sauce soja, épices diverses, salade de concombres sucrée-salée et le tour est joué.
Nous allons évoluer entre marais, forêt sur cordon sableux et savane en empruntant un sentier de sable et des caillebotis pour rester bien au sec. Deux zones d'observations vont nous permettre de faire des pauses à l'ombre tout en cherchant à surprendre les animaux du marais ou admirer la végétation luxuriante comme les vastes étendues de moucou-moucou, belle plante aquatique à la tige massive et aux feuilles triangulaires.
De l'observatoire nous pouvons profiter du repos d'un cormoran et de l'activité d'un jacamar aux couleurs métalliques qui chasse l'insecte. Sur notre gauche, un chevalier solitaire vient de se poser pour un arrêt bien mérité après un long moment de voltige aérienne digne de la patrouille de France.