mardi 31 mars 2020

Avec le retour de la pluie...

Bonjour tout le monde !

Un article très court pour dire qu'avec le retour de la saison des pluies c'est aussi le retour des ....




Et oui des crapauds et précisément d'un crapaud que j'ai retrouvé dans la piscine en train d'essayer de sortir du grand bain mais la marche était trop haute pour lui. Alors je suis retourné à la maison chercher une pelle et je l'ai sauvé d'une noyade par épuisement.

Une fois déposé l'intrus à sa place, c'est à dire dans la pelouse, j'ai pu faire mes longueurs...tout en surveillant du coin de l’œil un éventuel retour. Apparemment il a compris la leçon.

Depuis j'ai fait quelques recherches sur la bête et j'ai bien fait de prendre une pelle.

En effet le bel animal à la peau boursouflée et jaunâtre n'est rien d'autre que le célèbre crapaud buffle appelé aussi scientifiquement Rhinella marina ou encore en d'autres temps Bufo marinus.

Originaire d'Amérique du Sud, ce crapaud mesure entre 10 et 15 cm à l'age adulte mais peut atteindre jusqu'à 30 cm et peser près de trois kg. Gloups ! Cela en fait donc le plus grand crapaud au monde, encore une spécialité Sud-américaine.

Si vous regardez la photo de près vous allez remarquer une tâche sombre juste derrière son œil et au-dessus de son épaule, c'est une glande qui secrète du poison particulièrement irritant pour nous. Entre sa taille, sa capacité à diffuser du venin et les toxines qu'il contient, ce crapaud a néanmoins quelques prédateurs (caïman, milan ou ibis) et est capable de se nourrir de façon très opportuniste en attrapant des petits rongeurs, des petits reptiles et des oiseaux en déployant une longue langue en quelques centièmes de secondes. 

Nous pourrions en dire beaucoup plus sur ce batracien car il a suscité de l'intérêt chez de nombreuses tribus qui se servaient notamment de sa toxine pour enduire des flèches par exemple ou pour obtenir des effets narcotiques. Je vous renvoie donc à toute la littérature sur ce sujet et vais retourner à mes longueurs...enfin je crois !



dimanche 29 mars 2020

Sinnamary et les ibis rouges

Située à 110 km de Cayenne sur la RN1, la petite commune de Sinnamary offre plein de possibilités de promenade et surtout elle est le lieu incontournable pour qui veut voir les ibis rouges.

Nous avons donc pris la route un samedi matin de bonne heure (bien avant le confinement) et nous sommes rendus au P.K. 118,7 un peu après Sinnamary, au lieu dit carrefour de Saint Elie. Nous empruntons la route qui part à gauche sur environ 16 km et bientôt le bitume laisse la place à la latérite, nous sommes arrivés. Un sentier botanique d'une longueur de 2,5 km démarre sur notre droite.


Avant de l'emprunter nous allons repérer le carbet communal pour le cas où nous aurions besoin de dormir dans le coin et nous trouvons une belle structure prête à accueillir facilement une douzaine de hamacs (sur réservation). En revanche le coin toilette n'a pas résisté aux assauts du temps.




Pour la petite histoire (guide de Guyane de Philippe Boré) la piste de Saint Elie devait rejoindre la capitale de l'orpaillage légal, Saint Elie, vers 1969. Finalement seul un sentier pédestre y parviendra mais aujourd'hui il a disparu sous les 35 mètres d'eau du barrage de Petit Saut.


Il est temps de parcourir le sentier botanique qui comprend de très nombreuses espèces d'arbres et nous allons même passer par de la forêt primaire. La nature va encore nous offrir un beau spectacle comme cet héliconia à tige rouge dont il existe près de 200 sortes ou encore ce tressage naturel dessiné par le croisement des feuilles d'un palmier poubelle spécialiste en recyclage des végétaux.
  


Une autre chose va attirer notre attention c'est le nombre incroyable de toiles d'araignées . Et il y en a pour tout le monde. Des aériennes plutôt traditionnelles mais aussi des moins communes comme celle que nous trouvons au sol et nous reconnaissons alors le "terrier" d'une Theraphosa, la célèbre mygale en Guyane. On aura beau essayer, pas de mouvement devant sa cache, elle est sans doute partie à la chasse !



Nous poursuivons notre chemin et ouvrons grand les yeux pour ne pas manquer le spectacle. Ici encore une fleur qui vient éclairer le vert de la végétation ou un papillon bleu qui tente de passer inaperçu, plus loin une grosse termitière solidement accrochée à un tronc.















Vous avez remarqué les fourmis sur les deux plantes ci-dessus ? Sinon un autre petit animal est venu se laisser approcher, un lézard pas farouche du tout.


En revanche, un peu plus tard, nous avons dû faire preuve d'un peu plus de vigilance car nous sommes tombés, presque nez à nez, avec des mouches à feu dont le nid est toujours subtilement accroché sous une grande feuille. Comme son nom l'indique piqûre douloureuse en cas d'attaque et un seul mot d'ordre, courir !

On est passé sans heurt et on continue notre découverte de la forêt avec ses lianes toujours aussi excentriques, un vrai sac de nœuds !


Nous finissons notre piste après 2 h 30 de marche entrecoupée de prises de photos et d'observations. Encore 2 oiseaux et un papillon à notre portée et nous nous installons pour un pique-nique de luxe (merci Laurent pour la boisson) et remontons en voiture pour rejoindre la nationale 1.







En chemin nous bifurquons, peu avant la nationale, sur la droite pour aller jusqu'à la crique Toussaint qui possède aussi un petit carbet. Se faisant nous sommes en plein paysage de savane et bientôt un troupeau de buffles fait son apparition. Quel changement après la forêt primaire ! Nous faisons une petite halte pour observer les animaux lorsque nous apercevons une aigrette blanche tenant un énorme poisson dans le bec, il semble vraiment trop gros pour elle pourtant elle va s'envoler avec.



Les oiseaux évoluent sereinement au milieu du troupeau et cette fois c'est un tout petit volatile que nous détectons juste devant un buffle imposant. Regardez bien la photo ci-dessous. Un petit corps noir et un ventre presque orange, c'est une sturnelle militaire, endémique de l'Amérique du sud. Ma collection de bêtes à plumes s’agrandit !




Comme nous avons encore du temps avant de rejoindre Sinnamary pour la sortie en pirogue, nous poursuivons nos visites de criques en allant à celle nommée Canceler. Située à 9 km de la commune en direction de Iracoubo, il faut prendre un chemin à droite indiqué Corossony. Encore 3 km de piste et on arrive au bord de l'eau. Cette crique sert d'exutoire au marais de Yiyi et son eau limpide est rougeâtre car justement filtrée par le marais. Quelques tables sont encore en bon état mais attention l'endroit est très fréquenté le weekend.



Nous avons rendez-vous à 17 h au débarcadère de Sinnamary près de l'ancien pont métallique et en passant le rond-point de la commune, pas de doute, c'est bien le territoire des ibis rouges.

Si la commune est historiquement connue comme étant le lieu de la première tentative de colonisation de la Guyane vers 1764, les fouilles archéologiques attestent de la présence de villages amérindiens. Cette tentative de colonisation, c'est la fameuse expédition de Kourou (voir les îles du Salut) et la perte de la moitié des 12 000 européens venus sur le sol guyanais pour "mettre en valeur ces terres françaises".

2 autres temps forts pour la petite commune, dès 1866 la découverte de gisements aurifères et en 1994 la construction du barrage de Petit Saut (voir Sortie à Petit Saut). Si la construction du barrage et l'implantation du Centre spatial quelques kilomètres plus loin furent sûrement des sources de nuisances n'oublions pas non plus que ce sont des sources de financement qui permettent ainsi à Sinnamary de disposer d'un stade omnisports d'une capacité de 700 places et d'une piscine municipale en inox, la première en Amérique du sud.



Nous trouvons le débarcadère (ou l'embarcadère ?) sans difficulté et Joseph, notre piroguier nous attend. Tout est prêt, il n'y a plus qu'à monter à bord et descendre le Sinnamary jusqu'à l'embouchure du fleuve située à une trentaine de minutes. Joseph nous explique que nous allons nous "poser" au milieu de l'embouchure et ainsi pouvoir assister à l'envol des ibis qui traversent le fleuve d'Est en Ouest pour rejoindre leur dortoir.




En attendant nous naviguons d'une rive à l'autre en fonction du courant et bientôt nos premiers ibis font leur apparition. On ne peut absolument pas les manquer tellement leur plumage est éclatant. Leur couleur est d'un rouge vif presque fluorescent (sauf les jeunes qui sont gris-bleus). C'est un magnifique volatile.





Nous arrivons à l'embouchure, côté rive droite, et nous avons déjà eu un beau spectacle mais on a encore rien vu ! Petite pause traditionnelle avec l'inévitable ty ponch offert par notre sympathique piroguier le tout accompagné de quelques salés que nous avions prévus pour que la fête soit totale !

Pendant ce temps nous pouvons toujours observer le ballet des ibis puis au bout d'une trentaine de minutes, Joseph reprend son cabotage et nous approche un peu de la rive pour nous faire découvrir un peu mieux la quantité d'oiseaux qui va bientôt prendre un envol définitif pour rejoindre la berge gauche du fleuve au-delà de notre champ de vision.

Le soleil décline de plus en plus rapidement, le spectacle peut commencer. A partir de maintenant les ibis vont nous survoler par groupe d'une centaine et ce sont des milliers d'entre eux qui finiront par atteindre les dortoirs. En vol serré mais confus, ils virevoltent au-dessus de la terre, donnent l'impression de se chercher puis à un signal seulement connu d'eux-mêmes, un groupe se forme et bientôt c'est une formation en V impeccable qui passe au-dessus de nous, c'est un véritable défilé du Quatorze juillet.



On pourrait rester des heures à admirer cette démonstration de voltige aérienne mais le soleil va bientôt disparaître et il nous faut rentrer car 1 h 30 de route nous attend pour rejoindre Cayenne. Joseph se met à chanter du Johnny en remontant le Sinnamary, moment magique sur le fleuve et bientôt les lumières de cette belle petite commune de Guyane. A vivre absolument !









samedi 28 mars 2020

Lianes et racines

Aujourd'hui 22 mars 2020, c'est le 1° dimanche de la période de confinement liée à l'épidémie de Covid-19 qui touche le monde. Comme il est interdit de sortir alors c'est le moment de prendre le temps. Alors pourquoi ne pas trier les photos !

A l'occasion de ce tri, je me suis rendu compte que la nature équatoriale présente de multiples aspects et je vous propose un album de "lianes et de racines".

Quand on pense lianes on pense tout de suite à Tarzan se balançant d'arbre en arbre. Et bien je dois dire qu'après mettre un peu documenté je suis tombé de haut...et Tarzan serait tombé encore de plus haut. Impossible de se balancer avec une liane, elle prend racine dans le sol pour ensuite s'élever progressivement vers la lumière en progressant elle aussi d'arbre en arbre. Tarzan a donc utilisé des tiges d'épiphytes et non des lianes mais c'est une autre histoire.

Elles vont prendre ainsi des formes originales au gré des aléas naturels comme la chute des arbres ou leur mort et ainsi donner l'impression parfois de s'être enroulées autour d'une forme transparente. Quant aux racines nous en parlerons plus bas...

















Après cet album de lianes, quelques racines maintenant. Avec un sol plutôt pauvre en nutriment, l'exubérance de la végétation est très surprenante et la hauteur que peuvent atteindre les arbres encore plus. Comment font-ils pour s'accrocher ? Grâce aux photographies ci-dessous je vais pouvoir vous présenter 2 méthodes d'enracinement très fréquentes sous nos tropiques.



Tout d'abord les racines échasses. Produites par le tronc ou par les branches, elles se développent à l'air libre avant de pénétrer le sol. C'est le cas pour les palétuviers dans les mangroves et dans les sous-bois certains arbres grandissent en étendant leurs racines vers les zones les plus lumineuses, ils se "déplacent" littéralement au cours de leur phase de croissance.






2° système racinaire très souvent rencontré, les contreforts. Il s'agit d'expansions plus ou moins aplaties verticalement collées au tronc. Elles peuvent atteindre plusieurs mètres de haut et se ramifier. Très impressionnant et sur les photos on ne peut qu'imaginer la hauteur des arbres car nous n'avons jamais pu voir leurs cimes enfouies dans la canopée.