La saison sèche est propice à la découverte de certains environnements surtout lorsque l'on envisage de passer 2 nuits dehors en hamac. Ayant trois jours de disponible, nous décidons alors de repartir avec Pierre, notre précédent guide aux chûtes Voltaire, direction le lac du barrage de Petit Saut pour une expédition naturaliste associant navigations et randonnées.
Nous avons rendez-vous à 8h30 à l'entrée de la route de Petit Saut située au PK85 sur la RN1 entre Kourou et Sinnamary. C'est très facile à trouver d'autant qu'un grand porche métallique marque clairement le début de cette petite route goudronnée que nous allons emprunter pendant 26 km avant de suivre à gauche le panneau indiquant "saut Lucifer". Maintenant il faut rouler prudemment car la piste est un peu dégradée et cinq minutes plus tard, après une légère montée, nous pouvons apercevoir en contrebas l'embarcadère.
Pierre a délégué son rôle de guide à Ronan qui va nous accompagner pendant ces trois jours. On gare nos véhicules dans le parking placé sous surveillance et notre groupe de 5 rejoint un couple et une personne seule pour former l'équipage de cette expédition. Ce lac est le résultat de la construction d'un barrage hydroélectrique qui a débuté en 1989 pour une durée de 6 ans. Inutile de dire que le sujet fut brûlant car cela provoqua l'inondation de plus de 360 km2 de forêt amazonienne. Nous embarquons et rapidement nous apercevons les premiers arbres morts qui dépassent à la surface. Nous aurons l'occasion d'en voir énormément et même de très près parfois car l'embarcation les touchera.
Des murs de pierre apparaissent aussi, il s'agit des ruines inondées d'un ancien centre pénitentiaire dit "Saut Tigre". En fait il y en avait trois de ce genre (un 2° à Apatou et le 3° à Tonnégrande), ils avaient été mis en place pour y incarcérer les indépendantistes indochinois de 1931 à 1942 et aussi bénéficier de main d'oeuvre à bas prix. Ce qui apparaît aujourd'hui c'est l'ancienne maison du commandant car elle dominait l'ensemble du centre. Des fanas de plongée viennent explorer des fonds particulièrement troubles.
Nous allons naviguer près de 2 h 30 à travers ce décor étrange mêlant arbres morts et végétation luxuriante, nul point de repère pour des touristes comme nous mais pour Ronan c'est un terrain connu et nous accostons enfin en pleine forêt, 56 km ont été parcouru selon le GPS. Nous débarquons tout le matériel nécessaire pour 2 jours et 2 nuits de bivouac et après avoir installé nos hamacs sous le carbet-bâche mis à disposition par l'organisation nous passons à table et profitons des premiers talents de cuisinier de Ronan qui nous a concocté une bonne salade de crudités.
Le campement dispose de véritable toilette sèche et le luxe est poussé à l’extrême car il y a même une véritable lunette et ... toutes les bébêtes familières de ce type d'endroit.
Après le repas nous prenons du repos car la chaleur est écrasante et l'ombre des grands arbres est un vrai bonheur. Nous allons ainsi attendre jusqu'à 16 h puis nous embarquons pour une courte traversée afin de rejoindre un sentier de randonnée que nous allons emprunter pendant un peu plus d'une heure pour découvrir la flore locale toujours à l'abri du soleil. Ronan nous apporte plein d'informations et nous aurons l'occasion de voir entre autre une magnifique liane "tortue".
Après cette promenade fort agréable, nous rejoignons notre embarcation et nous ne la quitterons plus jusqu'au coucher du soleil. Maintenant c'est le règne des oiseaux et des singes. Pendant une heure nous allons en prendre plein les yeux car toutes sortes de volatiles vont apparaître (buse, anhinga, martin pêcheur) et juste avant le coucher du soleil le cri rauque des singes hurleurs va nous permettre de les localiser.
Martin pêcheur |
Buse |
Anhinga |
Après cette navigation toute en douceur à la recherche de la faune, il est temps maintenant de prendre un apéritif presque seul au monde, ou plutôt 9 au monde, seuls au milieu de cette étendue d'eau avec le coucher de soleil comme spectacle aux multiples tableaux. Moment magique !
La nuit est tombée lorsque nous reprenons pied sur la berge où se trouve notre campement. Ronan relance le feu et prépare le repas du soir composé de riz arrosé d'une sauce au curry dans laquelle ont cuit du poulet, du choux et des carottes. Un régal au cœur de cette forêt plongée dans la pénombre. Ces instants de partage sont très agréables et chacun y va de son anecdote ou simplement profite du moment présent.
Mais la journée n'est pas finie et Ronan nous propose une sortie pirogue de nuit à la recherche du caïman noir, rouge ou à lunettes, les trois espèces communes en Guyane. Alors on embarque et pendant 2 heures on va naviguer à la frontale au milieu des arbres fantômes, en scrutant la berge et en espérant apercevoir les 2 billes rouges caractéristiques de la présence du reptile préhistorique. Nous en localiserons 5 pendant ce périple et nous aurons la chance de pouvoir les approcher de très près, très très près. En fait l'animal n'est pas farouche et une fois dans le rayon lumineux il s'immobilise mais ne nous y trompons pas, au moindre doute il fuit à la vitesse de l'éclair et pourrait facilement broyer une main qui oserait le provoquer.
Voilà qui conclut parfaitement cette belle première journée et maintenant on saute dans le hamac et on s'endort en faisant de beaux rêves... avec les singes hurleurs qui pensent que c'est le moment de faire la sérénade. Heureusement cela ne dure pas et Morphée nous accueille enfin.
La suite nous dira-t'elle si mamounette a bien dormi??? Suspense...
RépondreSupprimerEt oui, suspense, la réponse dans l'article suivant.
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