Le confinement est de nouveau à l'ordre du jour en Guyane jusqu'au 30 mai. Pendant les quinze prochaines journées aucune sortie ne sera possible aussi c'est le moment de profiter de notre visite au musée des cultures guyanaises pour vous parler un peu de 2 peuples amérindiens, les Wayapi et les Teko. Toutes les photos et commentaires viennent du musée.
La carte ci-dessous montre qu'historiquement la Guyane (en rouge) n'était qu'une fine bande de territoire bordant la mer. Le Territoire de L'Inini crée en 1930, couvre le reste du pays et était dirigé par un gouverneur. Il faudra attendre 1935 pour que les autorités accordent un peu d'intérêt aux populations de l'intérieur évaluées à une centaine d'individus. Quant au statut de ces amérindiens la citoyenneté française leur sera proposée à partir de 1965 et l'Inini disparaîtra en 1969.
Les 2 tribus qui nous intéressent aujourd'hui sont situées sur la commune de Camopi et les Teko apparaissent aussi du côté de Maripasoula. Camopi comprend deux zones d'habitation, la première au confluent du fleuve Oyapock et de la rivière Camopi avec son bourg principal situé sur l'ancien emplacement des missions jésuites du XVIIIe siècle et une dizaine de hameaux, la seconde s'appelle Trois-sauts et est composée également d'une douzaine de hameaux répartis sur le rive gauche de l'Oyapock. En l'absence de réseau routier, ce village n'est accessible que par pirogue avec 5 à 8 heures depuis St George et comptez un à deux jours de plus pour atteindre Trois-sauts.
Les Wayäpi sont un peuple originaire du Brésil au sud de l'Amazone. Sous contrôle de la colonie portugaise au XVII° siècle, les Wayäpi ont fuit progressivement les pressions dues à l'enrôlement en franchissant l'Amazone pour remonter vers le Nord du Brésil et pénètrent en Guyane vers 1790. Ils occupent petit à petit les 2 rives de l'Oyapock mais le contact avec les français est lourd de conséquences : ils sont décimés par une série d'épidémies. En 1840 leur nombre est d'environ 1000 alors qu'ils étaient 6000 à leur arrivée. Leur salut passe par l'isolement et ils vont fonder des petites communautés au coeur de la forêt. Il faut attendre 1939 pour qu'ils soient "redécouverts" par la mission du docteur Heckenroth et leur nombre avoisine les 200. Evalués à 1200 en 2010, ils ont acquis la citoyenneté française en 1968.
Le peuple Teko s'est formé à partir de plusieurs nations amazoniennes dont certaines présentes en Guyane dès le XVI° siècle. Selon la tradition orale des Teko, leur histoire débute sur le littoral guyanais et les affrontements avec les Blancs les poussent à gagner l'intérieur du pays par le fleuve Approuague. Au cours de cette histoire sont révélés leurs traditions guerrières associées à des rituels anthropophages sur leurs prisonniers. Leurs guerriers "Makan", spécialement entraînés et dotés de pouvoirs chamaniques, font face avec autorité aux attaques d'autres ethnies amérindiennes armées par les puissances coloniales.
A partir des années 1900 plusieurs expéditions sont menées pour découvrir l'intérieur et les Tekos, appelés aussi Emerillon, sont aussi redécouverts notamment dans la région du Haut Tampok. Evalués à 60 dans les années 50, ils sont aujourd'hui plus de 600.
Les sociétés Teko et Wayäpi sont organisées au sein de villages ayant à leur tête un chef. Ce dernier en est le fondateur ou son fils. Le village s'étend ensuite au fil des mariages par regroupement familiaux. Le chef du village est l'acteur principal de la vie communautaire. Il doit être informé de tout ce qui s'y passe et gère les problèmes, il est l'interlocuteur des visiteurs.
De nos jours le chef de village est désigné chef coutumier, porte le grade de Capitaine, et un agrément administratif lui donne droit à une indemnité ainsi qu'à des tenues officielles et de travail. Il joue le rôle majeur d'intermédiaire avec les institutions officielles extérieures.
En cas de mésentente au sein du village, certains peuvent décider d'en créer un nouveau ailleurs et la survenance de plusieurs décès peut aussi motiver l'abandon d'un site lié au malheur. De tels déplacements liés aux traditions sont devenus problématiques, eu égard aux équipements et services publics de base dont souhaitent bénéficier les familles et qui ne pourront pas toujours suivre comme l'eau potable, l'électricité et surtout le ramassage scolaire.
Sur la commune de Camopi on compte actuellement plus d'une cinquantaine de villages. Des soucis bien loin des préoccupations métropolitaines.
En matière d'éducation des enfants, traditionnellement le bébé est nourri au sein jusqu'à l'acquisition de la marche. Il est porté de façon quasi permanente par sa mère ou d'autres membres de la famille.
L'enfant ne reçoit un nom qu'à partir du moment où il se tient debout. Auparavant, il est désigné, chez les Teko, par son rang dans la fratrie (premier, deuxième fils, ...), chez les Wayäpi sous l'appellation "enfant nouveau-né d'une telle". Ensuite pour faire "simple", il se voit attribuer plusieurs noms :
- un, tenu secret, par les grands-parents
- un autre, utilisé uniquement par la famille proche
- et un ou plusieurs noms donnés par son groupe d'âge.
Je ne voudrais pas être officier d'état-civil à Camopi.
Les connaissances liées aux bienfaits et dangers des mondes visibles et invisibles sont transmises indifféremment aux garçons et aux filles. Pour le reste, l'éducation prépare aux tâches dévolues au sexe dès l'âge de 7 à 8 ans. Chasse, pêche et plus difficilement travail du bois et vannerie pour les garçons, tâches agricoles et domestiques pour les filles comme les plantations et les récoltes dans les abattis, la transformation du manioc et la préparation du coton qui sera filé.
Pour les enfants amérindiens il y a l'inéluctable passage de rite. Chez les Wayäpi et les Teko, il y a le rituel d'application d'insectes. Réalisé par le père il concerne la jeune fille pour ses premières règles où le jeune garçon pour célébrer son passage dans l'âge adulte.
Alors les fourmis sont insérés par la tête dans une bande tressée de feuilles de palmier, cette bande étant ensuite appliquée sur plusieurs parties du corps. Ce rituel est destiné à "donner de la force".
Chez les Wayäpi, un autre rituel, collectif et festif cette fois, est strictement réservé aux femmes mais toujours avec des insectes. La cérémonie consiste en une danse nommée "tapekwa tapia'ilena" littéralement danse des éventails. Les fourmis sont insérées dans des éventails tressés en nombre et appliqués sur plusieurs parties du corps. La résistance aux piqûres des insectes fait de la femme wayäpi une ménagère confirmée. Les éventails seront conservés par les prétendantes pour attiser le feu.
Et pour conclure cette première partie restons avec les rites et parlons de la cérémonie mise en oeuvre à l'occasion des premières règles des jeunes filles, hormis les insectes bien sûr. Le rituel débute par une période d'isolement et de restrictions alimentaires d'une dizaine de jours. Nourrie uniquement de cassave fine (manioc) et de petits poissons, la jeune fille ne quitte son hamac que pour ses besoins naturels.
Une cérémonie clôt cette période et marque le changement de statut. Le cachiri, bière de manioc, a été préparé en abondance et des invités arrivent des villages voisins. Les groupes se forment, hommes et femmes séparés. La jeune fille est préparée par sa famille, son père lui coupe les cheveux et les femmes s'occupent des peintures corporelles. La distribution de la bière a commencé.
Le point culminant de la cérémonie se déroule sur la place du village où la jeune fille est assise sur un banc de même qu'une femme âgée qui lui fait face tandis que le chamane s'approche dans son dos. La vieille dame est chargée d'enivrer complètement la jeune fille de cachiri afin que dans un état second elle quitte symboliquement ce monde. Pendant que la vielle femme lui prodigue aussi des recommandations pour sa vie future, le chamane poursuit son rituel en effleurant le dos de la jeune fille du bout de ses doigts. Chatouilleux s'abstenir car si la jeune fille se met à rire alors elle sera "prédisposée à la colère".
De nouveau enivrée la jeune fille est revêtue par sa mère du pagne des femmes. Après sa participation passive à une danse avec cinq ou six hommes la jeune fille est portée dans son hamac pour y reprendre ses esprits. Danses et chants vont se poursuivre pendant une semaine.
A suivre !
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