Les camps sont enfin ouverts et on va pouvoir retourner en forêt passer quelques jours. Ce sera le camp Cisame, situé sur le fleuve Approuague à 2 heures de pirogue du bourg de Régina. Nous avons rendez-vous à 9 h 30 au débarcadère et nous quittons donc Cayenne vers 7 h 30 car il faut envisager 1 h 40 de trajet (120 km) en empruntant la RN2, surnommée la Route de l'Est.
Cette route a été réalisée très progressivement depuis les années 1970. A l'origine juste une piste de latérite jusqu'à Régina puis le dernier tronçon de 80 km pour atteindre Saint-Georges a été ouvert à la circulation en décembre 2003. Nous arrivons au carrefour vers Régina facilement repérable avec sa statut de légionnaire qui rappelle la participation des militaires du 3° REI aux travaux d'ouverture de la route.
3 petits kilomètres et nous voilà à bon port. Une brigade de gendarmerie, 3 véhicules de pompier, une école primaire, une poste, une mairie et un écomusée composent l'essentiel de ce petit bourg qui doit son nom à Louis Athanase Théophane Régina dont le buste trône au bord du fleuve.
Profitons du guide de Guyane pour découvrir un peu l'histoire économique de cette région. Elle commence vers 1770, époque à laquelle on entreprend des cultures sur les terres inondables riches. On y trouve alors cacao, roucou, indigo, épices, coton et sucre. Un ingénieur suisse, Samuel Guisan, spécialiste des travaux d'assainissement, va intervenir dans ce grand projet et accepte de s'occuper des marais qui ceinturent Cayenne et ceux de la rive gauche de l'Approuague.
En 1789, Guisan entreprend le tracé du canal Roy reliant l'Approuague à la rivière de Kaw, canal creusé à la main par les esclaves qui dressent aussi de nombreux polders. L'ingénieur Guisan laissera son nom au village de Guisanbourg aujourd'hui abandonné.
Vers 1855, la découverte de l'or sur un affluent de l'Approuague provoque l’effacement de l'économie agricole au profit de pratiques extractives beaucoup plus lucratives. Si l'or remporte un grand succès, s'y ajoutent l'essence de bois de rose et la gomme de balata. Trop éloigné des placers, les sites d'extractions, Guisanbourg s'éteint petit à petit devant le développement des nombreux comptoirs marchands situés plus en amont sur le fleuve. C'est dans ce contexte que naît Régina qui atteindra 3000 habitants à son apogée.
Après 1945, le bois de rose a quasiment disparu et le cours de l'or chute. Les départs massifs commencent et Régina décline peu à peu. Aujourd'hui avec 800 habitants ce bourg mise sur son fleuve et son écomusée pour maintenir une activité touristique. Pas de chance pour nous, avec l'épidémie, le musée est fermé alors on devra revenir.
Nous arrivons à l'embarcadère où déjà sont rassemblés quelques touristes qui rejoindront aussi le Camp Cisame. Nous nous garons près de la mairie et effectuons un petit tour du quartier avant de retrouver notre guide qui nous offre un café de bienvenu et nous explique le programme des trois jours à venir.
Tout le monde est arrivé et COVID oblige, nous devrons porter le masque pendant le trajet en pirogue et nous regrouper par "famille". Nous sommes 12 et avec Béa nous allons avoir notre propre petite embarcation. Cool ! En fait nous verrons plus tard que c'est moins confortable que la grande pirogue.
Nous quittons l'embarcadère pour remonter l'Approuague pendant 2 heures environ et profitons une dernière fois de la vision fluviale des quelques maisons de Régina car désormais nous allons naviguer entre 2 murs de végétation luxuriante.
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