Weekend de la Pentecôte 2020.
Nous sommes le samedi 30 mai et la météo semble prédire un weekend pluvieux sauf peut-être ce samedi. Nous préparons un pique-nique, chargeons le sac à dos et prenons la route de Kourou pour rejoindre à environ 60 km de Cayenne un petit sentier de randonnée d'une longueur de 4 km avec un bon dénivelé. C'est le sentier de la montagne des singes. En fait de singes, pas de suspens, nous n'en verrons pas, tout comme la première fois que nous sommes venus mais peu importe d'autres surprises nous attendent sûrement.
La boucle principale se parcours tranquillement en 3 h et on peut même ajouter 600 m de sentier botanique. Il y a de nombreuses voitures au niveau du parking mais il s'agit sans doute de coureurs venus se mesurer au denivelé de cette piste. On croise les doigts pour pouvoir être tranquille au niveau du carbet qui doit nous servir d'abri pour le pique-nique. Malgré toutes les pluies des derniers jours le sol n'est pas aussi détrempé que l'on imaginait et nous débutons cette balade au sec.
Cela ne dure pas et nous pataugeons bientôt dans l'eau courante du sentier transformé en petit ruisseau mais rien de bien gênant car il y a suffisamment de pierres pour sauter de l'une à l'autre et éviter de se mouiller les pieds.
La forêt est très calme et nous n'avons pas l'habitude d'une telle sérénité, les animaux seraient-ils encore confinés ? Le soleil est par contre présent et il joue avec les arbres nous offrant ainsi de jolis jeux de lumières au niveau du sous-bois. Pour l'instant nous profitons donc de la beauté sauvage de cette végétation tropicale dont on ne se lasse pas.
La nature réserve toujours des surprises et Béatrice se transforme en un instant en amérindienne grâce à cette magnifique feuille de bois-canon tandis qu'un tronc tranché pour maintenir le sentier ouvert laisse apparaître un joli cœur.
La piste reste agréable et nous progressons en montagnes russes avec montées, descentes et contournements d'arbres. Le passage devient sablonneux et bientôt il faut accepter de mouiller les chaussures car point d'évitement possible. Nous atteignons une petite crique qu'un ponton permet de franchir. Des points brillants attirent notre attention dans l'eau et en 2 temps trois mouvements nous devenons des chercheurs d'or. En vain ! Au raz de l'eau par contre on voit mieux les plantes aquatiques et notamment celle qui supporte sans difficulté apparente ses 2 fleurs en forme de pompon, une Thurnia sphaerocephala. C'est classe de le dire !
Les lianes sont toujours imaginatives et je pourrais les photographier toute la journée tandis qu'une psychotria peoppigiana fait son apparition. Indice "bouche aux lèvres pulpeuses avec une myrtille en son centre". Un peu plus loin un cri inhabituel d'oiseau nous invite à un arrêt observation. A partir de maintenant soit on patiente soit on s'en va. Alors on patiente ! Guidés par le cri nous cherchons à localiser une première zone sur laquelle poser notre attention puis il faut faire confiance à sa vision périphérique pour détecter les mouvements insolites et enfin...avoir de la chance. Là, devant nous, à une dizaine de mètres en hauteur, tranquillement posé sur un tronc, un superbe pic. Quelques recherches à la maison permettront de le classer comme pic mordoré mais c'est à confirmer alors à vos ordinateurs, chères lectrices et chers lecteurs !
Et voilà, la sortie est d'ores et déjà réussie car nous ramenons une nouvelle observation d'oiseau, la collection s’agrandit. Plus loin un palmier comou toujours aussi photogénique nous présente une magnifique chevelure tandis que le tronc de cet arbre non identifié se dresse fièrement vers la canopée. Mais bientôt arrive le clou du spectacle...
Christophe qui marche en tête s'arrête soudainement et regarde légèrement en arrière sur sa gauche. Il dira ensuite qu'il a entendu un glissement. A 2 mètres environ, dans la végétation rase au bord du sentier, un serpent vient de se déplacer tout en douceur. Nous approchons sans bruit et j'ai le temps de prendre la première photo lorsqu'il est encore en mouvement. Il finit par s'immobiliser en se positionnant parallèlement au sentier et à partir de maintenant nous allons pouvoir l'observer. Il semble serein et continue sa recherche au raz du sol car nous voyons nettement sa langue fourchue tâter le terrain.
Nous restons cinq bonnes minutes dans cette position et nous finissons par apercevoir nettement ses couleurs, jaune sur le ventre et gris bleu sur le dessus. Sa forme de tête plus allongée que triangulaire nous laisse à penser que nous sommes en présence d'une "couleuvre" mais il faudra attendre le retour à domicile pour essayer de l'identifier. Il s'agit d'un serpent chasseur, très courant en Guyane. Peut-être un "démesuré" ou un "souligné". En tout cas il est inoffensif et peut atteindre les 2 mètres. Il se nourrit de batraciens et de petits rongeurs et traîne au sol en journée, son terrain de jeu préféré. Bon il est temps de le laisser tranquille et de lui souhaiter bonne chasse ! Encore une belle observation.
Après ce beau moment qui montre combien un serpent est "hypnotisant", nous attaquons la dernière partie du sentier qui mène au carbet. La pente finale est raide mais la vue au sommet vaut l'effort. Il n'y a personne à notre arrivée et nous allons pouvoir nous installer confortablement pour prendre un casse-croûte bien mérité. Mais avant profitons du panorama ! Kourou, le fleuve du même nom, les îles du Salut et le Centre spatiale guyanais, rien que çà !
Nous allons bien profiter de ce moment de sérénité et très peu de personnes viendront nous déranger. Ce calme favorise aussi la venue des animaux et des lézards vont arpenter le terrain autour et sous le carbet en toute tranquillité. Un Naucler (ou Milan) à queue fourchue nous survole un instant, sans doute a-il aussi aperçu les lézards dont il se nourrit lorsqu'il se lasse des insectes.