mardi 25 février 2020

Un dimanche à Cacao

Un dimanche à Bamako... c'est le jour du mariage...


Et bien un dimanche à Cacao... c'est le jour de la soupe !

Cacao ! Non je ne vais pas vous parler de la fève de chocolat mais d'un charmant et unique village de Guyane situé à 80 km de Cayenne et rendu célèbre pour avoir accueilli dans les années 1970 une communauté d'agriculteurs, les Hmong, réfugiés du drame laotien.



Mais avant de devenir un village Hmong en plein coeur de la Guyane, Cacao fut d'abord une grande plantation établie le long de la rivière Comté dès la fin du 18° siècle, l'habitation Sainte Marie de Cacao ! Laissé à l'abandon, l'administration pénitentiaire racheta ce lieu pour y établir le bagne de Sainte Marie qui fermera en 1859.



1954, Dien Bien Phu, 1962, guerre du Vietnam, à chaque fois les Hmong servent soit l'armée française soit l'armée américaine mais en 1975, le parti communiste prend le pouvoir au Laos et les Hmongs doivent alors quitter leur pays pour se réfugier en Thaïlande. Progressivement ils obtiennent la possibilité de quitter les camps de réfugiés pour être accueillis aux Etats-Unis et en France.

Vous devinez la suite. Une centaine de famille est aiguillée vers la Guyane et atterrit au lieu-dit Cacao. Leur nouvelle histoire va pouvoir commencer. Agriculteur dans l'âme, ils vont fournir un travail titanesque de défrichement et de plantation jusqu'à devenir aujourd'hui les "maraîchers" de Guyane et les fournisseurs des fruits et légumes consommés par les Cayennais.

Afin de mieux se faire connaître et profiter des rares touristes, Cacao a eu l'idée géniale de développer un marché de produits locaux tous les dimanches matin et, malgré la distance qui le sépare de Cayenne, il attire énormément de monde.

On se bouscule au milieu des étals colorés de broderies fines et pleins de saveurs de fruits et légumes souvent méconnus. Dépaysement garanti, ambiance orientale et vendeuses toujours souriantes. On tombe sous le charme. 









Et pour conclure une telle promenade rien de mieux que de prendre place à l'une des longues tables qui entourent le marché pour y déguster quelques produits locaux et notamment une bonne soupe, des nems ou du riz gluant.




Après le repas un dernier petit tour à l'église du village qui domine le bourg puis retour à Cayenne en se promettant de revenir car il y a encore un musée du papillons et des insectes à faire, un potier à visiter et surtout encore plein de saveurs nouvelles à déguster. Merveilleux dimanche à Cacao !





lundi 24 février 2020

La roche gravée de Kaw

Si vous avez l'occasion de passer du temps dans les marais de Kaw alors profitez de votre déplacement pour vous rendre sur le site de la roche gravée. Le sentier, d'une longueur de 2 km, est très accessible et son départ est au niveau du parking situé au bout de la route qui mène au dégrad de Kaw.

Cette roche est donc posée sur la crête de la Montagne Favard sur la rive gauche de la rivière. Il nous faut environ 40 mn, photos comprises, pour l'atteindre. Une soucoupe volante arrive en même temps que nous et la recouvre à notre approche. Non, c'est une coupole destinée à la protéger bien sûr.

Un panneau d'information nous permet de décrypter les gravures amérindiennes et les dessins sont d'une telle précision que l'on s'y retrouve très facilement et pour une fois on peut vraiment apprécier le travail. Au moins 2 serpents sont visibles et une figure (constituée de 2 triangles inversés) dite anthropomorphe représenterait une forme humaine. Je reste prudent car même les experts le sont. Encore des mystères à éclaircir pour des générations de chercheurs.




Quoiqu'il en soit la promenade est agréable, même si les moustiques sont agressifs, et comme souvent la nature nous offre des images improbables comme le morpho qui va virevolter autour de nous jusqu'à se poser pour se laisser prendre en photo sans aucune réticence où encore cette petite araignée qui mérite un gros plan.




Approchez-vous encore un peu !


Allez, encore un peu et maintenant on se rend bien compte qu'il ne faut pas la chatouiller de trop près.


Quant aux végétaux, ils ne sont jamais en reste avec par exemple ci-dessous un magnifique yayamadou montagne, fruit de la même famille que le muscadier avec sa graine entourée d'une arille rouge. Arille ???? En botanique, c'est une enveloppe charnue plus ou moins développée autour d'une graine. C'est la minute scientifique.



Retour au parking par le même chemin pour retrouver notre véhicule et 1h30 plus tard nous serons à Cayenne pour un repos bien mérité. En cherchant de la documentation, je me suis aperçu que nous avons loupé des vestiges de la colonisation. En effet, Favard est le nom d'une famille influente installée dès les années 1700. Cacao, café et épices furent cultivés sur ces terres et une habitation s'éleva sur cette montagne dont il resterait les ruines d'un moulin et des rouages de machines. Il va falloir y retourner...


dimanche 23 février 2020

Les chutes de Fourgassié

La commune de Roura comprend de nombreux trésors et après la visite de la brasserie reprenons nos bonnes habitudes en dénichant un nouveau site de randonnée. Nous filons par la route en direction des marais de Kaw pendant une douzaine de kilomètres après le bourg jusqu'à atteindre une piste en latérite sur la droite, la piste forestière de Fourgassié. En ce mois de février, elle est carrossable et  en étant vigilant c'est sans incident que nous parcourons les deux kilomètres qui nous amènent au petit parking situé sur la gauche. Nous semblons être les premiers mais nous percevons clairement le son puissant des basses crachées par des hauts-parleurs, les brésiliens sont dans la place.

Qu'à cela ne tienne nous débarquons les glacières et empruntons le petit sentier qui descend vers la zone de pique-nique proche de la crique. C'est en atteignant le bas du sentier que nous apercevons 2 véhicules et quelques personnes déjà installées au bord de l'eau. La première impression n'est pas très favorable car le site présente quelques détritus de-ci de-là et les ouvrages en bois sont dégradés, un pont est même cassé. Nous nous éloignons un peu et finissons par trouver un petit coin sympa et surtout une table encore en état de nous supporter. 



Nous allons passer un agréable moment d'autant que nos voisins ont éteint la musique pour aller se baigner dans la crique. Comme souvent en cette saison il faut compter avec la pluie et nous utilisons le parapluie pendant quelques minutes pour nous protéger, rien de bien gênant !


Après le repas, rien de mieux qu'une petite promenade digestive, allons donc visiter les célèbres chutes Fourgassié, chutes les plus connues de Guyane. Nous rangeons nos affaires et commençons à cheminer le long du sentier qui est censé faire une boucle. Dès le départ il faut faire attention car la roche est très glissante et la végétation parfois envahissante. De nombreux morphos virevoltent autour de nous. 



Nous retrouvons bientôt nos voisins qui profitent d'une petite cascade pour se rafraîchir mais l'espace est étroit et nous poursuivons notre descente de crique. Le sentier s'éloigne progressivement de la rivière que nous retrouvons néanmoins un peu plus loin. Quelques vestiges de bancs en bois laissent à penser que l'endroit fut sûrement très agréable mais entre l'agressivité du climat équatorial et le fait que ce lieu est facilement accessible, c'est aujourd'hui un espace dégradé que nous ne voyons pas sous son meilleur jour. 

Il nous faut faire demi-tour car désormais le layon disparaît sous la végétation. Nous retrouvons un autre accès et atteignons bientôt la piste en latérite en contre-bas du parking. Encore 10 minutes de marche et les véhicules sont en vue. Retour vers Cayenne après encore un bon moment de passé.




samedi 15 février 2020

La bière de Guyane

Il était une fois...la bière de Guyane.

Jusqu'en 2010, la bière consommée en Guyane était fournie par les grands brasseurs traditionnels. C'est alors qu'une paire de copains, décidés à changer d'orientation professionnelle, conçut l'idée un peu folle de lancer une bière artisanale locale. Ainsi naissait "Jeune Gueule", la seule marque encore à ce jour 100% guyanaise.


L'histoire est évidemment un peu plus compliquée et c'est pour cela que nous nous sommes rendus 1749, avenue de l'égyptienne à Matoury pour écouter l'un des fondateurs nous conter lui-même cette belle aventure à l'occasion de la visite de sa brasserie organisée tous les samedis matin.

D'une durée de 2 heures, la présentation va nous permettre de découvrir un panorama complet sur les habitudes de consommation, la création elle-même de la brasserie, les étapes de fabrication de la bière et enfin une dégustation, avec modération.


Parmi les anecdotes, il y a les débuts mémorables avec le premier atelier installé sous un carbet avec une "machinerie" à la professeur Tournesol.

Sans oublier aussi les 3 jours de folie après la création d'une page facebook anodine. En bref, une page est mise en ligne. Dès le lendemain le journal France-Guyane prend contact pour savoir si c'est un canular. Prudents, les apprentis brasseurs, veulent bien donnés une interview mais en indiquant expressément le côté amateur et balbutiant de leur petite entreprise. Le lendemain ils font la Une et les appels téléphoniques arrivent de tout le pays qui veut absolument goûter le breuvage. C'est le début du succès...pendant un mois, c'est à dire le temps de vider toute la quantité disponible. La rupture de produit ramène le calme et les compères vont poursuivre avec sérénité leurs recherches en sachant maintenant qu'il y a un vrai potentiel.



Aujourd'hui la petite entreprise a bien grandi et des projets sont dans les cartons. Des nouveaux locaux sont prévus et la capacité de production permettra de fournir encore mieux une population très demandeuse.

Après cette intéressante visite, direction la boutique de produits dérivés 100% Guyane pour une dégustation bienvenue. 

Au fait vous avez compris le jeu de mot formé par le nom de la bière ?