Jeudi 15 août 2019 - 5 h 30
Après une nuit correcte c'est à dire à peine gêné par les moustiques, il est temps de se lever et de rassembler toute la troupe pour un petit déjeuner bien apprécié car je ne sais pas de quoi sera constitué le prochain pris en pleine forêt.
Nous nous rendons en véhicule chez Pierre, notre guide pour trois jours, à la sortie de St Laurent et nous transbordons nos affaires dans deux 4 x 4 car bientôt le bitume sera remplacé par de la latérite.
Notre groupe composé de Noémie, Mathilde, Luc, Romain, Laurent et Sébastien fait connaissance avec les 6 autres personnes qui se joignent à nous et à 7 h nous "décollons" car 10 km de route puis 60 de piste nous attendent ensuite avant de mettre le sac au dos.
Nous quittons rapidement St Laurent pour rejoindre la piste de latérite et s'enfoncer dans la forêt. Bientôt finis les grands espaces, désormais nous circulons entre deux murs de végétation luxuriante et quelques petits ponts de bois en très bon état viennent rompre la monotonie de la piste. Un contrôle de gendarmerie à mi parcours environ nous permet de faire une halte. Mis en place pour vérifier les mouvements en forêt, ce dispositif est également rassurant car nous donnons nos itinéraires et surtout notre date de retour ce qui permettrait l'envoi de moyens de recherche au cas où...
Point de contrôle |
Il nous faut environ 2 h 30 pour rejoindre la fin de la piste et l'auberge des chûtes Voltaire. Cet endroit très isolé offre vivres et couchages et peut constituer une étape intermédiaire pour ceux qui veulent prendre un peu plus de temps. Pour nous c'est départ immédiat, même pas le temps de prendre un café, car nous avons une longue étape de marche si nous voulons atteindre l'Inselberg avant la nuit.
Il est 10 h et nous mettons sac au dos . La première partie va nous prendre un peu plus d'une heure et nous allons emprunter un layon large avec une végétation claire. En course d'orientation on parlerait de forêt pénétrable. C'est un parcours agréable et les traversées de criques, cours d'eau en langage métropolitain, se font la plupart du temps en passant à côté des ponts car ils sont malheureusement très souvent abîmés voir inutilisables pour certains. Il est facile de comprendre la difficulté pour entretenir ce milieu qui appartient à l'ONF compte tenu des conditions climatiques et de l'éloignement géographique.
La végétation devient progressivement plus dense et lianes et palmiers dominent ainsi que les racines aériennes des différentes espèces, qui donnent l'impression que l'arbre va décoller telle une fusée du centre spatial de Kourou.
Il est bientôt 12 h lorsque nous arrivons aux premières chûtes Voltaire. Nous nous arrêtons pour une petite pause casse-croûte au niveau des cascades les plus hautes et certains vont même jusqu'à se baigner. Je le ferai plus tard lorsque nous repasserons par là le 3° jour et que nous y ferons une vraie halte. Ces chûtes offrent un dénivelé de 35 m sur 200 m de longueur. Elles constituent souvent le but de promenade de randonneurs à la journée car elles sont facilement accessibles mais il faut accepter aussi 5 heures de 4 x 4 tout de même.
Mais en ce qui nous concerne, ces chûtes ne constituent pas notre objectif aussi il nous faut repartir alors sac au dos et nouvelle étape qui va se dérouler en trois parties à peu près égales en termes de temps. Cette fois le décor change complètement, nous échangeons un large chemin contre un layon de la largeur d'un homme, désormais nous allons être très souvent au contact direct de la végétation et claustrophobe s'abstenir. J'exagère un peu quand même mais je pense que de nuit la sensation d'être dans un tunnel doit être assez proche de la vérité.
La progression est plus lente et nous nous arrêtons plus souvent car le guide doit parfois "tracer" sa piste. La forêt est bruyante par moment car de nombreux cris d'oiseaux nous accompagnent et surtout nous profitons de très beaux décors comme cette crique éclairée par un rayon de soleil qui traverse la canopée, ou cette belle plante apparaissant au détour de notre chemin. Mais attention à ne pas perdre notre vigilance car le danger peut surgir aussi à tout moment comme ces pointes acérées sur le tronc d'un jeune fromager.
Nous finissons notre 2° pause lorsque la pluie arrive. Et quelle pluie ! Un véritable déluge s'abat sur nous et malgré les capes et autres vêtements de pluie nous sommes rapidement détrempés. Heureusement que j'ai écouté les conseils donnés par le groupe, celui d'avoir mis toutes mes affaires en sacs étanches et surtout mes affaires pour la nuit car dormir mouillé est semble-t-il juste un enfer ! 15 min plus tard c'est fini mais bien sûr l'eau va continuer à nous arroser tranquillement pendant au moins une demi-heure car elle s'est accumulée au sommet des arbres qui vont maintenant ruisseler. C'est aussi à ce moment que la progression va sérieusement se compliquer. En effet avec le sol devenu glissant, attention aux racines, la pente va aussi s'élever car nous sommes au pied du massif granitique et nous allons passer de 125 m d'altitude à 280 en près de trente minutes.
Après un tel effort la récompense est au bout et nous arrivons avant le coucher du soleil ce qui nous permet de profiter de la superbe vue sur la canopée. La dalle est très glissante là où l'eau ruisselle donc nous nous devons d'être prudents et le guide nous le rappelle car plus de 50 m de chute attend le curieux qui s'aventurerait trop loin. On installe notre campement sous le carbet en dur qui se trouve en forêt près de la dalle et c'est ainsi que je prends mon premier cours d'installation de hamac. Pas très compliqué en vérité, il faut juste prendre son temps et ne pas se perdre dans ses cordages au début. Montage effectué, essai d'assurage réussi, il ne reste plus qu'à y dormir pour le test final.
Vue sur la canopée ! |
Campement rangé, si! si! |
Prêt pour une bonne nuit ! |
Maintenant que le campement est monté, chacun va se préparer pour la soirée avec toilette à la crique au savon de Marseille et préparation du repas par Pierre qui nous a concocté du riz avec un bon ragoût, de quoi nous requinquer pour demain. Encore quelques instants à profiter du coucher de soleil sur la canopée puis repas au coin du feu et enfin saut dans le hamac pour une première nuit sous le ciel étoilé guyanais. J'espère passer une bonne nuit car la position dans le hamac semble confortable mais j'entends distinctement le croassement d'une grenouille, j'espère qu'elle a aussi prévu de dormir...
Mais quel bonheur! Ca fait à peine plus d'un mois que tu es sur place et déjà tant d'aventures!!! Mike Horn peut se rhabiller, mon papa aussi dort dans la jungle au péril de sa vie!!! Ca vaut le coup de se mouiller un peu pour assister à ce genre de coucher de soleil...
RépondreSupprimerJ'aurais bien répondu en publiant une photo d'un autre coucher de soleil mais je ne crois pas que l'on puisse...
RépondreSupprimerc'est cela que je veux vivre dans ce pays avec dans l'esprit les aventures de tintin
RépondreSupprimerTout à fait d'accord. On se prépare !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer